Le présent, on peut le justifier en tant que moindre mal par rapport à ce qui a précédé. Mais s'il est pire ? Peut-on continuer de se prévaloir de la situation médiocre du passé ? Non. A moins de vouloir s'aveugler sur les dérives du présent.
Conscients de la difficulté, certains s'évertuent à nous présenter les 10 dernières années comme un véritable enfer. C'est devenu un dogme : gare à celui qui aurait sur le sujet une opinion qui sort du lot.
Cette façon de faire notre histoire récente ressemble beaucoup à la façon dont on se réunissait autrefois dans des endroits lugubres pour lancer des imprécations et des sortilèges, ou à la façon dont certains poètes de cour dressaient en rimes le portrait de l'ennemi du prince.
Le drame, c'est que bien des choses qui se disent ne sont pas loin de la réalité. Mais comme ce discours n'a plus pour but de dévoiler la vérité - celle du passé - mais de faire écran à sa manifestation - dans le présent -, il n'y a rien à retenir. On attend que finisse le tapage. Pour que l'étendue du désastre se présente enfin à nous dans son évidence.
Aucun sursaut salutaire n'adviendra sans ce moment de vérité. Quand nous nous dirons : que faisons-nous maintenant ?