Je ne m'étonne pas de la condamnation de Moncef Marzouki. Parce qu'il y a longtemps que la dérive autocratique est en place et qu'elle donne de son retour des signes tellement évidents qu'il faut être "bigleux" pour ne pas les voir.
Je m'étonne de ceux qui s'en félicitent et qui, après ça, pensent qu'ils gardent intacte leur légitimité à parler de l'avenir du pays dans le monde.
Je lis çà et là des commentaires affirmant que Moncef Marzouki est un traître à la patrie. La chose semble entendue au point que personne n'éprouve le besoin de s'expliquer là-dessus. Mais en quoi il a trahi au juste ?
Alerter la communauté internationale sur l'opération de confiscation de la démocratie en cours, c'est ça trahir ? Pour le reste, il y a des choix politiques qui lui appartiennent. Ce qui va de son alliance avec les islamistes dans le cadre d'un gouvernement démocratique à son engagement de militant actif au service des droits de l'homme du temps de la dictature : en ce qui me concerne, ce bilan lui fait largement honneur.
Et ce sont ceux qui balancent l'accusation de trahison à tour de bras qui seraient bien inspirés de revoir leur définition de la chose.
Pour moi, s'il y a une trahison qui mérite aujourd'hui qu'on en parle, c'est celle de l'homme à qui, avec beaucoup d'autres, j'ai donné ma voix lors des dernières élections, parce que je le croyais sincère quand il promettait de protéger la Constitution, et qui n'a pas cessé de manquer à sa parole.