Depuis qu'il a sans, coup férir, dézingué l'ARP puis dégommé le CSM, le putschiste de Carthage qui incarne, en même temps, l'exécutif, le législatif et le judiciaire, peut désormais nommer tout seul les 12 membres de la cour constitutionnelle dont les modalités de désignation étaient, jusque-là, les suivantes : 4 par le président de la République, 4 par l'ARP et 4 par le CSM.
Une vraie prouesse constitutionnelle…
Fayçal Bekri
Démêler la pelote de laine …
Commençons par détricoter les nœuds: il existe en Tunisie des réseaux et ces réseaux sont liés par des intérêts et ces intérêts ont un caractère économique, professionnel, corporatiste, régional, clanique, familial, tribal…De vieilles connivences, de vieilles allégeances , de vieilles complicités dont personne n'ignore l'existence et qui ont persisté après le 14 janvier 2011 au moment où il fallait se serrer les coudes pour ne pas couler avec le bateau Ben Ali/Trabelsi…
Ils ont certes sacrifié un pion, car la houle populaire risquait d'emporter tout le monde , et ce sacrifice était nécessaire pour sauver les meubles, calmer les eaux agitées et mieux rebondir ensuite conservant ainsi l'essentiel : le pouvoir.
La transition démocratique était un somnifère puissant, susceptible de mettre une parenthèse à l'élan révolutionnaire , d'endormir les esprits, d'anesthésier les consciences, de gagner du temps, pour récupérer force et crédibilité et revenir sur le devant de la scène une fois la tempête passée.
Les batailles de survie nécessitent trois ingrédients : affaiblir l'adversaire, contrarier ses plans et créer une conjoncture sociale et politique marquée par une tension permanente pour le déstabiliser…
Pour que la mayonnaise prenne, il faut que tous les relais s'activent en même temps pour associer la démocratie à la gabegie, au terrorisme, à l'incompétence, à la mauvaise gouvernance, à la criminalité, à la corruption, à l'insécurité…bref, tout ce qui est de nature à retourner la population contre celle-ci…
Comme dans une partie de poker menteur, il fallait être patient, roublard, cynique, calculateur et froid, impassible et imperturbable…Laisser le temps faire, pour abattre ses mauvaises cartes au bon moment et rafler la mise .
Ces réseaux sont actifs depuis Bourguiba, les acteurs changent mais la stratégie est la même: enrôler tous les opportunistes , les arrivistes, les affamés, les mercenaires, les délateurs, leur donner une part du gâteau, les corrompre et en faire sa légion de mercenaires…
Leur alliance repose uniquement sur le gain, le profit immédiat …S'ils tiennent ensemble et résistent à l'usure du temps …c'est parce qu'ils sont structurés comme la mafia et se tiennent tous par la barbichette…les compromissions communes contraignent à l'entente et ceux qui désirent quitter le navire savent à quoi s'en tenir et ce qu'ils risquent de perdre…Il est difficile de faire amende honorable et de s'affranchir de toutes ses turpitudes morales.
Kaïs Saied aujourd'hui est un ersatz, la partie visible de l'iceberg, on ne va pas tarder à connaître la partie immergée.
Chiheb Boughedir