Une des raisons de la situation sur le plan international, c'est que Poutine est plus un faiseur de guerre qu'un faiseur de paix. Chacun ses compétences, dira-t-on. Certes. Mais ça ne rassure personne, ça ne répare pas les dégâts et la dévastation, et ça ne rend pas aux mères des soldats leurs enfants qui tombent chaque jour. Sans parler des morts civiles et de tous ces gens qui fuient dans le froid, sans toujours savoir où aller.
Cela étant dit, il faut se demander si le conflit n'était pas inscrit dans la logique des choses. Il n'est pas faux que l'Occident avance, avec son ordre bien à lui. Qu'il ne sait pas ne pas imposer à tous ceux qu'il intègre dans son giron. Depuis la chute du mur de Berlin, toute l'Europe de l’Est, jadis domaine de l'Union soviétique, a basculé dans cet ordre-là. Qu'est-ce qui reste ? Il reste la Russie et la Biélorussie.
Et il semble que Poutine se soit donné la mission de ne pas laisser la Russie se dissoudre à son tour dans l'Occident : non seulement la Russie, mais tout cet ensemble slave oriental qui regroupe la Russie, la Biélorussie et l'Ukraine... Il y a des actes symboliques qu'il faut savoir relever, comme l'érection près du Kremlin, il y a quelques années, d'une statue de plus de 30m de haut à l'effigie de Vladimir 1er... Vladimir 1er est l'ancêtre commun et la Russie de son époque - autour de l'an mil - avait pour capitale... Kiev ! Il est aussi celui a donné à la Russie le christianisme orthodoxe.
Si Poutine a un rêve, il est moins de reconstituer l'empire soviétique que de réveiller la grande Russie européenne et de lui redonner son ancien espace, face à l'Occident. C'est ça sa grande ambition, au service de laquelle il semble prêt à mobiliser tous les arguments dont il dispose, y compris les plus effrayants.
C'est aussi ce qui lui attire la sympathie des nationalistes de tous horizons, qui voient justement d'un mauvais œil l'érosion que fait subir l'ordre occidental sur les réalités nationales…
Le problème, c'est que la concrétisation de son rêve ne recule pas devant le viol de la volonté des peuples… Son recours à la force risque de tuer le projet à la naissance, en le rendant détestable non seulement pour le monde, mais aussi pour la grande famille russe.