Outre le problème de définition précise et commune de la pauvreté, dire qu’il y a environ 4 millions de pauvres en Tunisie, soit le 1/3 de la population qui sont au seuil de la souffrance, mérite de s’arrêter un moment face à ce fait non inattendu, synthétisant un échec cuisant du système social et des institutions et démystifiant toute illusion actuelle portant ‘’solo tunisien’’ et ‘’3000 ans de civilisation’’.
(1) Si les Économistes du Développement préfèrent le concept de ‘’pauvreté relative’’ à celle absolue ou monétaire, car la 1ère est multidimensionnelle et offre un cadre extensible aux politiques économiques et sociales, tandis que la 2ème n’implique pas plusieurs solutions autres que les transferts (directs et indirects), constater que le Tiers de la population est pauvre, cela veut dire selon Amarya Sen qu’au moins le Tiers serait ‘’Pas libre’’ ! ‘’Pas libre’’ en ce sens qu’il ne dispose pas de moyens pour voler de ses propres ailes et mettre à contribution sa volonté pour négocier son destin.
(2) Si les Politiques ont pris la ‘’Pauvreté’’ pour un cheval de bataillepoliticiennes, car – étant évènementiel et à connotation électoraliste- nul n’a présenté une démarche à la hauteur de l’objectif de son éradication, à la profondeur qu’exige le Développement Inclusif, et à l’étendue qu’impose sa complexité. La pauvreté est in fine un phénomène qui s’auto-entretient, si l’on ne l’attaque pas, il se développe.
(3) La pauvreté multidimensionnelle inclut entre autres l'accès à l'éducation car cette dernière offre des capacités d'abstraction cumulatives et donc des compétences « investissables » donnant lieu à des sources de revenus, mais aussi une indépendance matérielle et intellectuelle.
A défaut, plus le périmètre des pauvres s'élargit et plus ils se présentent comme une proie aux prédateurs politiques, et plus ils offrent un terreau fertile au triomphe du populisme, où toute incohérence passe pour une innovation, et toute bêtise passe, en plein, jour pour une sagesse.