L’annonce par l’ONU d’une trêve de deux mois entre la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les rebelles houthis du Yémen est une bonne nouvelle, en particulier avant le début du mois sacré musulman du Ramadan ce week-end.
Les termes de la trêve sont les suivants : Les parties mettront fin à toutes les opérations militaires offensives aériennes, terrestres et maritimes à l’intérieur du Yémen et à travers ses frontières. Les Saoudiens autoriseront les navires transportant du carburant à entrer dans les ports de Hodeidah (aucun cargo n’a atteint Hodeidah depuis janvier 2022). Les Saoudiens autoriseront les vols commerciaux à atterrir et à décoller de l’aéroport de Sanaa, qui est effectivement inutilisable depuis 2015.
L’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a également annoncé qu’il superviserait des pourparlers supplémentaires pour ouvrir des routes à Taïz et dans d’autres gouvernorats du Yémen. La ville de Taïz est assiégée par les Houthis depuis 2015. Grundberg a affirmé que la trêve pourrait être renouvelée au-delà de la période de deux mois avec le consentement des parties. Les observateurs vont maintenant observer si les deux parties maintiennent le cessez-le-feu et si les Saoudiens autorisent les navires à entrer dans le port de Hodeidah et les avions à décoller et à atterrir de Sanaa.
Le 26 mars, à la suite de leur attaque réussie contre les installations pétrolières d’Aramco près de Djeddah, les Houthis ont annoncé un cessez-le-feu unilatéral sur les attaques transfrontalières ainsi que sur les opérations terrestres à l’intérieur du Yémen. Ils ont déclaré que si les Saoudiens levaient leur blocus sur les ports aériens et maritimes contrôlés par les Houthis, le cessez-le-feu se poursuivrait.
Les Saoudiens ont répondu par leur propre annonce de cessez-le-feu le 29 mars, pour correspondre aux pourparlers inter-yéménites qu’ils ont coordonnés à Riyad. Les Houthis avaient refusé de se joindre aux pourparlers parce qu’ils se tenaient en Arabie saoudite, mais avaient déclaré qu’ils seraient prêts à se joindre aux pourparlers tenus dans un pays neutre, comme le Koweït ou Oman. Cette atmosphère générale de détente semble avoir contribué au succès de l’ONU dans la promotion de la trêve de deux mois, qu’ils avaient précédemment exprimé l’espoir d’obtenir.
Les cessez-le-feu précédents ont échoué parce qu’aucune des deux parties n’avait de garanties suffisantes pour les maintenir. La différence cette fois-ci est peut-être que les Houthis ont démontré une capacité constante à endommager l’infrastructure énergétique saoudienne et les Saoudiens ont conclu que même avec des systèmes antimissiles Patriot supplémentaires fournis par les États-Unis, le risque pour leur économie est trop grand.
Les Émirats arabes unis ont probablement fait un calcul similaire après que des drones houthis ont frappé Abu Dhabi à la mi-janvier, perforant l’image soigneusement organisée des Émirats de sécurité et de stabilité. Même avec des garanties d’assistance de défense américaine, aucun système antimissile ou anti-UAV existant ne peut éliminer le risque posé par les missiles et les drones.
L’administration Biden devrait indiquer clairement aux Saoudiens que s’ils rompent le cessez-le-feu, Washington sera obligé de reconsidérer le soutien militaire qu’il fournit à Riyad. Malheureusement, les États-Unis n’ont pas de relations de travail avec les Houthis et ont donc peu de moyens de faire pression sur eux pour qu’ils maintiennent le cessez-le-feu. Cependant, l’engagement des Saoudiens à permettre aux navires d’entrer dans le port de Hodeidah et aux avions d’entrer dans l’aéroport de Sanaa répondrait aux demandes des Houthis de prolonger leur cessez-le-feu.
Une pression supplémentaire sur les Saoudiens pour maintenir le cessez-le-feu pourrait provenir de la récente annonce des membres du Congrès américain qu’ils réintroduiraient une résolution sur les pouvoirs de guerre pour mettre fin au soutien américain aux actions militaires saoudiennes au Yémen. Sans l’aide d’entrepreneurs militaires américains, les deux tiers de l’armée de l’air saoudienne seraient incapables de voler.
En 2019, le Congrès a adopté avec succès une résolution similaire sur les pouvoirs de guerre, mais le président Trump y a opposé son veto.. Si la résolution sur les pouvoirs de guerre était adoptée, les Saoudiens seraient confrontés à la perspective embarrassante de perdre le soutien des États-Unis ainsi que la capacité de maintenir une force aérienne fonctionnelle.
L’Arabie saoudite a longtemps montré son intérêt à sortir du conflit au Yémen, mais a insisté pour trouver un moyen de sauver la face pour le faire. Le cessez-le-feu unilatéral des Houthis, suivi du cessez-le-feu des Saoudiens, maintenant prolongé et affirmé par l’ONU, a peut-être offert aux Saoudiens un départ plus digne de la guerre brutale de sept ans. Pourtant, compte tenu de l’échec des trêves précédentes, la durabilité de l’accord reste à voir.