Nous n'avons pas fini d'entendre les avis pétris de mauvaise foi des deux seules éminences grises (teintées de mauve) qui restent encore dans le sillage du président de la République : Sadok Belaïd et Amine Mahfoudh.
Tous les autres ayant évidemment pris la poudre d'escampette devant le cavalier seul présidentiel.
Le premier, n'a de cesse de comparer la démarche de Kaïs Saied avec celle De Gaulle qui organisa un référendum en 1958. Omettant de préciser que celui-ci avait pris bien soin d'obtenir auparavant une habilitation parlementaire en vue de fonder une nouvelle république.
Scrupule qui n'a même pas traversé l'esprit de notre actuel président.
Le second, (qui ne rate pas une occasion de chercher son inspiration dans les principes de la constitution de la 5ème République Française) après un silence médiatique boudeur, a retrouvé l'usage de la parole, pour considérer qu'une participation de 40% au référendum du 25 juillet prochain, suffirait à conférer à cette consultation nationale, le sceau de la légitimité politique.
Bigre ! Rien que ça...
Aussi, je saurai, éternellement gré, à quiconque qui serait en mesure de lui rappeler, pour sa gouverne, que le référendum de 1958 qui l'inspire tant, avait enregistré une participation de.... 80,63% des inscrits.
Fayçal Bekri
Non, nous ne sommes pas ce que nous croyons être
Nous nous sommes toujours vantés d'être un peuple instruit, ouvert et tolérant…Nous nous sommes toujours vantés d'avoir une bonne élite formée dans les meilleures écoles, nous nous sommes toujours vantés d'avoir de bons médecins, de bons professeurs, de bons universitaires, de bons juristes, de bons ingénieurs, de bons fonctionnaires, de bons artistes…
Nous nous sommes toujours vantés d'être plus intelligents et plus pragmatiques que les autres peuple arabes, probablement plus débrouillards et moins dogmatiques….Nous nous sommes toujours vantés d'être un carrefour de civilisations, dotés d'une diversité unique qui facilite notre intégration dans toutes les aires géographiques…Nous nous sommes toujours vantés d'avoir vécu en bonne intelligence avec tous nos voisins et d'avoir entretenu de bonnes relations avec toutes les cultures et toutes les civilisations….
Serait-ce uniquement de la vantardise ou serions-nous aujourd'hui ce que nous n'étions pas hier…???
Ces dix derniers mois sont parmi les plus sinistres de l'histoire de la Tunisie car ils ont mis en évidence toutes nos tares et tous nos manquements….Notre suffisance légendaire a été battue en brèche par un populisme rétrograde, passéiste, anachronique et ténébreux…quelque chose d'inhabituel dans un pays réputé pour son pragmatisme et son sens du compromis, deux vertus qui l'ont empêché à chaque fois où il a emprunté le chemin de la discorde et de la contestation , de sortir indemne de ce guêpier…
Notre histoire récente, déterminée par deux dictatures, un parti unique opportuniste et hégémonique, des oligarchies mafieuses, des inégalités sociales et régionales criardes, des injustices et des abus catalyseurs de toutes les révoltes et de tous les conflits, a été l'histoire d'un pays qui cherchait sa voie démocratique, sa planche de salut, son compromis historique pour atteindre le convoi des pays démocratiques évolués et modernes…
Nous étions convaincus d'être parmi les rares pays arabes capables de gagner ce pari et de nous libérer du joug des systèmes autarciques , fondés sur l'allégeance, l'arbitraire et le clanisme…Une telle conviction s'explique par toutes ces vertus dont nous nous sommes toujours parés mais qui se sont avérées fausses car lamentablement avariées…C'était du clinquant, de la poudre aux yeux, une manière de se dédouaner de ses vices et de gagner en estime de soi….
Non, nous ne sommes pas ce que nous croyons être car si nous l'étions, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd'hui.
Celui qui participe à une farce se rend complice de ses conséquences….
Pour moi, ce faux débat concernant le boycott ou non du référendum, s'il a lieu, est une preuve supplémentaire de l'immaturité de notre classe politique, toutes tendances confondues.
Incapable de s'unir pour constituer un large front contre cette dérive monarchique moyenâgeuse, pour des motifs grotesques et risibles, elle continue à ramer à contre-courant en s'ingéniant à s'interroger sur le sexe des anges….
Le boycott
Le boycott est la seule et unique réponse à ce régime ubuesque et ridicule, en mal de légitimité et qui est en pleine déconfiture nationale et internationale, quoi qu'en disent ses thuriféraires et ses nervis.
Il est même absurde de poser la question…une bérézina annoncée ne fera qu'accroître l'isolement du roi Ubu et accélérer la décomposition de son projet hallucinant .Les Belaïd, Mahfoudh et autres péripatéticiens et racoleurs doivent être cloués au pilori et désignés à la vindicte publique pour que plus personne n'ose se prostituer au bénéfice d'un charlatan et d'un bonimenteur….
Cette sale habitude de nos universitaires doit être combattue car elle humilie ceux qui la pratiquent et ceux qui ne la pratiquent pas .Tant que ces énergumènes n'ont pas été voués publiquement aux gémonies et dénoncés par leurs collègues, ils continueront à présenter leurs services aux dictateurs et aux tyrans dont ils ne sont que les vils bouffons.
Le boycott est un devoir, une obligation, un impératif moral pour tout tunisien qui se respecte et qui ne tolère pas que ce beau pays se transforme en monarchie absolue ….
Quid des déclarations de Tebboune ???
Il est rare que les dirigeants algériens sortent de leur réserve légendaire et s'expriment publiquement sur la crise politique et sociale d'un pays voisin.
Généralement, ils utilisent des canaux discrets pour exprimer leurs opinions ou envoient des émissaires pour proposer leurs bons et loyaux services….Inutile de dire qu'ils se sentent très concernés par la crise politique tunisienne actuelle et qu'ils sont très inquiets quant aux relations très équivoques que Saied entretient avec l'Egypte, les Emirats et l'Arabie Saoudite, régimes réputés pour leur inimitié chronique envers l'Algérie et que l'Algérie soupçonne d'être à l'origine du putsch en Tunisie et des crises perpétuelles en Libye….Deux voisins qui constituent la clé de voûte de la sécurité de l'Algérie et qui, historiquement, ont vécu à l'ombre du grand frère….
L'appréhension des algériens est légitime et cette fois-ci elle a été exprimée publiquement et au cours d'une conférence de presse tenue par Tebboune à Rome avec son homologue italien….Cette déclaration sonne comme un dernier avertissement non seulement pour Saied mais aussi pour ses mentors égyptiens et émiratis…Les lignes rouges qui ne doivent pas être franchies sont claires et l'Algérie n'admettra jamais une ingérence accrue de l'Égypte et des monarchies du golfe soit dans les affaires tunisiennes soit dans le dossier libyen …Encore faut-il rappeler que Turquie, Italie et Algérie ont des points de vue presque similaires sur l'issue du conflit libyen….
Chiheb Boughedir