Avant de montrer les limites de la “définition fonctionnelle” des objets, de connaissance ou réels, abstraits ou concrets, je crois que le terme “définition” mérite d’abord un rappel. Ceci est dans le but de commenter la “définition fonctionnelle”, c’est-à-dire, à partir des fonctions, de “l’Etat” récemment annoncée sous le ciel de la Tunisie aux 3000 ans de civilisation.
- Le mot “définition”, semblant avoir un sens stable depuis des siècles, est méthodologiquement défini par une relation d’équivalence (et non seulement d’implication) entre ce qui est “défini” et “sa définition”. Cela permet son identification stricte ainsi que le fait de juger de son existence réelle (nécessaire, rationnelle), ou irréelle ( non nécessaire, irrationnelle). Autrement dit, si par exemple “tout humain est mortel”, cela ne veut pas dire à l’évidence que “tout mortel est humain”. C’est pour dire que l’aspect “mortel de l’humain” ne le définit pas, mais lui donne un caractère observé et non une caractéristique (qui lui est exclusivement propre).
Par ailleurs, il est aussi possible de définir les objets par un certain nombre de traits pris ensemble, permettant de rendre compte de son identification à travers le système de langage retenu. C’est en fait pour dire que l’on peut toujours donner des définitions à des objets pourvu qu’ils soient socialement validés.
En plus , les objets ne sont pas seulement linguistiquement définis, car ils rendent aussi compte du “concept”, qui est la synthèse de la relation entre l’esprit simplificateur et la réalité infiniment compliquée et en perpétuel état d’évolution. En effet, le sens des vocables employés n’est toujours pas le même en passant d’une société à une autre dans la même époque, et d’une époque à une autre dans la même société.
C’est pour cela que la définition simpliste du dictionnaire en transformant “Omma” à “Nation”, en déduisant les dérivées telles que “Nationalité”, “Nationaliste”, “Nationalisation”, de la même origine des mots, serait une embûche méthodologique sérieuse dont la portée analytique est trop limitée.
Quand je lis - après une petite recherche sur Google: “Wa Kèna Ibrahimou Ommatan”. (وكان ابراهيم امّةً) et aussi (كنتم خير امّة أُخرجت للناس), ou aussi “Les États-Nations”, “Les Nations Unis”, (انّ هذه امّتكم امّةً واحدةً وانا ربّكم فاعبدون), je trouve à l’évidence que le sens de “Nation” et donc de ses dérivées, sont pluriels, et le passage d’une source à ses dérivées est problématique car il est au mieux univoque, et ne permet pas d’en saisir une seule définition, celle du dictionnaire.
En fait. la variété linguistique est fondamentalement sociale et historiquement datée. Le mot “Nation” est tantôt pris dans le sens “d’Etat” (après la IIème guerre mondiale), l’Etat-Nation” est pris dans les mouvements sociaux européens surtout en Allemagne et en Italie cherchant à rassembler ou unifier les fractions sociales autour d’un idéal à savoir la Nation (race, culture, identité, religion, intérêts communs,) avant la Ière guerre mondiale, chose reprise dans le monde “Arabe” par opposition à l’empire Ottoman déjà battu par les alliés. Le mot Nation a aussi pris le sens d’appartenance de tout musulman dans le monde indépendamment de son appartenance régionale ou tribale,…
Par ailleurs, on parle de Définitions, au pluriel. La mort au sens standard est que le défunt ne respire plus et son cœur s’est arrêté. Chez les médecins, il faudrait préciser s’il s’agit d’une mort clinique ou autre,… Ainsi, sans s’étaler sur ce propos, il y a des définitions qui sont toutes limitées, voire factices quand il s’agit d’affaires sociales: les définitions fonctionnelles, biologiques, mécaniques et formelles. L’alternative en serait celle socio-historique (…).
- Selon la définition fonctionnelle, où l’Etat est défini par un statut juridique que l’on peut toujours édicter, tout père de famille est appelé à nourrir et soigner son enfant (métaphore prise de Montesquieu pour positionner la légitimité de l’autorité de l’Etat, et non pour le définir maladroitement c’est-à-dire fonctionnellement, qui lui-même s’est inspirée chez les philosophes grecques), cela ne veut pas dire que toute source de nourriture et de soins est “Père” de cet enfant. En fait, pour une raison ou une autre, si le père dans cette perspective ne lui offre pas la nourriture et les soins, cela ne veut nullement dire que le père n’existe plus!
De même, si les services régaliens de l’Etat (pris dans le sens réducteur de ses institutions) en contre partie de la soumission de la population à son autorité et aussi à la violence qu’il monopolise, font défaut, cela ne veut point dire qu’il n’existe plus.
Or, les États dans le monde sous-développé comme la Tunisie, qui semble à tout égard, persister dans le sous-développement, n’ont jamais assumer toutes leurs fonctions. Ils préfèrent en fait guider leurs populations vers les fausses questions mal posées dans les moments les plus mal choisis, et c’est pour cela qu’ils sont depuis la nuit des temps en État -dans tous ses états- d’exception.