La constitution de K. Saied serait-elle la Vème République du Général De Gaulle ?

II y a beaucoup de points de similitude entre le projet constitutionnel de K. Saied et la constitution de la Vème République du Général De Gaulle, mais la presse française, de Gauche comme de Droite, ne le voit pas de cet œil ; elle se déchaine contre le projet du Président ou plutôt contre sa personne. Chacune y va de son commentaire sans réserve ni retenue. Nous ne sommes plus dans le rationnel, mais dans l’émotionnel et le passionnel pour ne pas dire de l’ingérence et de la manipulation !

1/ Une presse égocentrique et pathétique !

Le site Mondafrique, comme exemple, titrait « La nouvelle constitution tunisienne, une sorte de lasagne indigeste. » L’auteur n’aime pas a priori les lasagnes sauf si elles sont faites par De Gaulle ! Pathétique ! Il est vrai aussi que le nombrilisme est un sport national en France. Pourtant on y trouve les traits de la Vème République —nous y reviendrons—, une constitution qui façonne encore la vie institutionnelle et politique dans l’hexagone.

Le quotidien le Monde en a fait une spécialité, entre le 1er et 4 juillet pas moins de quatre éditos tous hostiles à l’égard du projet. Le plus récent intitulé « En Tunisie, les dérives de Kaïs Saied» est une attaque en bonne et due forme : D’emblée, l’auteur annonce la couleur « L’horizon s’obscurcit autour de la Tunisie. Le président kaïs Saied poursuit imperturbablement sa dérive autocratique, malgré de multiples alertes, y compris celles émanant de ses amis. » Avant d’ajouter, « (...), M. Saied s’obstine à vouloir passer en force pour imposer la mise en place d’un nouvel édifice institutionnel pétri d’abstractions. » Un peu plus loin, il remue encore le couteau en insistant « (...), la méthode solitaire et brutale de M. Saied projette la Tunisie dans une zone de turbulences, au cœur d’une région déjà fragilisée par la crise du Covid et l’impact de la guerre en Ukraine. »

Une première, le quotidien Le Figaro, le plus à droite de la Droite française ayant soutenu toutes les basses manœuvres en Afrique orchestrées le plus souvent par la France, défend la démocratie en Tunisie ! Maryline Dumas avait écrit dans son article du 3 juillet dont le titre est « Le Président tunisien met au vote sa constitution », : « Ce dimanche a débuté en Tunisie une bien étrange campagne électorale, pour valider ou non, un texte encore plus étrange. Le 25 juillet, les Tunisiens sont invités à donner leur avis sur le projet de Constitution dévoilé, jeudi, par le président kaïs Saied. Le texte, instaurant un régime présidentiel fort et qui se réfère explicitement à I islam, (...)» . Le mot est lâché : l’islam ! En effet, l’islam est une doxa bien française.

Bref, on l’a compris, la presse française est unanime dans sa position contre le projet constitutionnel soumis au vote le 25 juillet. Et pourtant, dans ce projet nous trouvons beaucoup de similitude avec celui de la cinquième République ; une constitution élaborée par Michel Debré pour De Gaulle et qui a été très combattue par Pierre Mendès France et François Mitterrand. Ce dernier s’en est merveilleusement servi malgré ses virulentes critiques jadis : II la qualifiait de monarchie élective !

2/ Deux régimes semi-présidentiels assez similaires :


… …

Ainsi, nous constatons les similitudes entre les deux constitutions. On y décèle le désir auprès des deux Hommes, K. Saied et Général De Gaulle, de surplomber le régime des partis en introduisant la fonction de Chef de gouvernement ou de Premier ministre. En fait, dans les deux constitutions, le Président devient l’«arbitre ».

Les deux hommes ont accédé au pouvoir dans des conditions difficiles. Les deux ont décidé de forger leur destin plutôt que de subir le diktat des partis.

En conclusion, nous qualifions le régime proposé par K. Saied comme étant un régime semi—présidentiel où la séparation des pouvoirs est contrôlée, le président ne peut sur un coup de tête dissoudre le parlement comme dans le cas de la cinquième république. Dans les deux pays, le gouvernement peut être renversé, mais les conditions dans le cas tunisien sont plus contraignantes.

Pour finir, nous déplorons l’absence de responsabilité politique du Président dans les deux constitutions. Il faut prévoir donc un article pour remédier à un tel manquement. On peut s’inspirer du cas des USA, la procédure d’impeachment, par exemple.

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