L’affaire Amira Bouraoui continue à faire parler d’elle. Mais il n’est plus sujet de son refuge en Tunisie où elle a tenté de rejoindre la France via Tunis pour fuir la répression du régime algérien. Le fait que la France ait intervenu pour venir au secours de la militante, et obligé les Tunisiens à l’embarquer vers Lyon, n’a pas été du goût des algériens qui voulaient absolument la rapatrier et l’emprisonner pour qu’elle soit un exemple pour toutes celles et tous ceux qui tenteraient de fuir ses griffes.
Les tentions montent et les relations deviennent de plus en plus tendues entre Alger et Tunis et Alger et Paris. Le président Kaïs Saied n’a pas tardé à réagir pour contenir la colère de ses voisins, et pas des moindres. Il s’agit des Algériens qui ont toujours été là, financièrement et économiquement notamment, pour venir en aide à la Tunisie qui en a le plus besoin aujourd’hui. Le président Tunisien a limogé sans tarder son ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi. C’est le 4ème limogeage opéré par lui en quatre mois.
De son côté, Abdelmadjid Tebboune, qui entretenait déjà des relations compliquées avec la France depuis son franc soutien à la Russie qui tente de remplacer la France en Afrique, «a rappelé son ambassadeur en France, Saïd Moussi, avec effet immédiat», précise l’Agence de presse officielle de l’État algérien (APS). «Dans le prolongement de la note officielle par laquelle l’Algérie a protesté fermement contre l'exfiltration clandestine et illégale d’une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne, le président de la République M. Abdelmadjid Tebboune a ordonné le rappel en consultations de l'Ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, avec effet immédiat», écrit l’APS qui rappelle le communiqué de la Présidence algérienne.
Cette affaire a fait d’autres victimes. Il s’agit, cette fois-ci, de notre confrère et rédacteur en chef du quotidien régional Le Provincial, Mustapha Bendjama. Ce dernier a été arrêté dans son lieu de travail, cette après-midi, à Annaba, par la gendarmerie nationale qui a, aussi, saisi son matériel de travail. Ces derniers lui ont fait savoir que «son arrestation était en lien avec l’affaire Amira Bouraoui», témoignent ses collègues.
Dans un commentaire publié sur sa page Facebook, Amira Bouraoui «a démenti tout lien du journaliste avec elle ou avec l’histoire de sa fuite d’Algérie». Notre confrère est toujours sans nouvelle depuis son arrestation. Si les positions des Tunisiens et des Algériens sont pour le moins connues, il n’y a aucune réaction officielle de la France dont Amira Bouraoui est aussi détentrice de la nationalité.