La notion est peu courante voir inusitée. Elle marque très explicitement le flou entre prisonnier politique et prisonnier d’opinion. Ce vague obscur s’est amplifié ces dernières années avec les lois sur le crime terroriste.
Pour Amnesty International, les prisonnier-e-s d’opinion sont des personnes détenues pour leurs convictions ou l’expression de leurs opinions politiques, religieuses ou pour leur origine ethnique, leur sexe, leur genre, leurs orientations sexuelles, leur couleur, leurs langues, leurs origines sociales, leurs nationalités, leurs situations économiques et pour tout autre motif de ségrégation, et non pour des faits repréhensibles de violences ou d’incitation à la violence. Aussi exige-t-elle leur libération immédiate et inconditionnelle.
Selon la même source, il y aurait deux catégories de détenu-e-s politiques : D’une part les prisonniers ayant effectivement commis des infractions politiques visant, par des moyens repréhensibles, voire des actes violents ou des appels à la violence, à renverser un régime politique, transformer l’organisation de l’Etat, etc. Pour cette catégorie l’organisation exige seulement le respect du procès équitable.
Il y aurait d’autre part, les « faux prisonniers politiques», des opposant-e-s en réalité, subissant les affres de régimes absolutistes, autoritaires et leur politique répressive, de mise à l’écart et de liquidation des rivaux. Ceux-là rejoignent les détenus d’opinion et peuvent être rangés dans la catégorie complexe des « prisonniers politiques d’opinion ».
Il est fréquent que des personnes qui ont des activités politiques d’opposition tombent sous le coup d’un droit commun dévoyé à des fins de coercition et que des personnes qui n’ont pas commis d’infraction politique tombent sous le coup du délit politique pénal. En fait les cartes sont brouillées.
L'histoire carcérale de par le monde ajoute à la difficulté de classification. Il faut enfin reconnaitre que même si des procédures formelles sont engagées – non sans illégalismes et dérogations la plupart du temps- les incarcération sans charges, les procès inéquitables, les maltraitances, sont légion.
En vérité aucune définition légale n’est fournie de l’infraction ou du délit politique laissant ainsi libre cours aux interprétations les plus larges et aux représentations les plus extravagantes.
Aux qualifications légales empruntées paradoxalement aux anciens colonisateurs dont on a combattu la répression (les prisons, les bagnes, les régimes d’exception), se sont additionnées de nouvelles accusations et infractions portées par des discours et des pratiques nationalistes, xénophobes, racistes, souverainistes, holistiques, absolutistes et personnalisés du pouvoir. L’on va retrouver pêle-mêle le « complot contre la sureté intérieure et extérieure de l’Etat » », « la collision avec les puissances étrangères », « la participation à des groupes armés », « l’incitation à l’insurrection », « les atteintes à l’intérêt national » et bien d’autres encore, jusqu’à l’outrage au chef de l’Etat et la rumeur.
Pour compliquer davantage les choses, il sera fait recours et usage aux lois sur le terrorisme. Car tout concours à dénier aux terroristes la moindre indulgence sociale vue leurs procédés violents, l’indistinction de leurs victimes qui les renvoient à l’opprobre de la conscience et du droit.
La question demeure entière. Pourquoi encore des prisonnier-e-s politiques d’opinion ? Qui ça sert ?