Le tandem Meloni-Saied n’arrêtera pas l’exode tunisien

Depuis le 23 octobre 2019, date à laquelle Kaïs Saied a pris le pouvoir en Tunisie, le pays plonge dans une terrible crise économique, politique et sociale. Le 25 Juillet 2021 Saied rassembla tous les pouvoirs entre ses mains et suspendit le Parlement. Il y a des syndicalistes qui finissent en prison, des opposants persécutés. Le pouvoir absolu a pris ses fonctions dans la douce Tunisie et, le 21 février, ce chef de l’État, qui n’a pas peur ni des mots ni du respect des droits de l’homme les plus élémentaires, a tenu un discours haineux et raciste. Il a qualifié les migrants subsahariens de « hordes dont la présence est une source de violence et de crime ». Certains représentants d’organisations internationales ont dénoncé le racisme « officiel » de l’État et protesté contre le comportement de la police envers les étrangers.

Kaïs Saied ne se soucie pas de ce que pensent ses gens. Il s’est proclamé chef de l’Etat et a reçu le plein soutien de l’Algérie voisine, ce qui a contribué au changement d’attitude (l’amitié traditionnelle) de la Tunisie envers le Maroc et le conflit du Sahara.

Laissés à la merci de la population, les migrants subsahariens ont subi des attaques de Tunisiens qui trouvent le discours de Saied à leur goût. La lutte contre l’immigration clandestine est devenue la priorité du régime. Saied a même parlé d’une « entreprise criminelle qui vise à changer la composition démographique de la Tunisie et à effacer son caractère 'arabo-musulman' ».

Le 23 avril, la police a démantelé un camp de réfugiés à Tunis, jetant des hommes et des femmes dans la rue où ils ont été insultés et battus par des voyous. Depuis lors, ces réfugiés vivent dans la peur et dans des conditions de grande précarité.

Certaines associations tunisiennes tentent de les aider. Tout le monde rêve d’aller à Lampedusa, qui est à 150 km de la Tunisie. C’est dans ce contexte que la Première ministre italienne Giorgia Meloni, accompagnée de son homologue Mark Rutte et de la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, s’est rendue à Tunis le 6 juin pour apporter son soutien moral et financier à Kaïs Saied.

On peut dire que Meloni est devenu l’ambassadeur de bonne volonté de la Tunisie auprès de la capitale européenne et surtout auprès du Fonds monétaire international, qui avait posé des conditions à la Tunisie pour obtenir un prêt de 1,78 milliard d’euros. À cette fin, Kais Saied doit initier des réformes économiques, et ce sera une étape douloureuse pour le nouveau régime. L’Italie craint que l’incapacité de la Tunisie à contrôler les flux migratoires n’ait de graves répercussions sur son territoire. La Tunisie est actuellement confrontée à deux problèmes.

Le premier concerne les mauvais traitements infligés aux réfugiés sur le sol tunisien, (les autorités sont allées jusqu’à oublier les corps des naufragés à la morgue de Sfax). La manière dont les malheureux qui ont perdu la vie en tentant de mettre le pied sur le sol tunisien ont été traités est déplorable, inhumaine et tout simplement scandaleuse.

Le deuxième problème est politique : le rapprochement de l’extrême droite italienne avec un chef d’Etat qui a les pleins pouvoirs et piétine les principes de la démocratie est une source de grande inquiétude pour les Tunisiens qui luttent pour la liberté de leur pays.

Il s’agit de la première visite d’un chef de gouvernement européen en Tunisie sous l’ère Saied. Une visite qui donne à Kais Saied une certaine légitimité.
C’est un rapprochement fondé sur la haine et le racisme. Il est inacceptable que la lutte contre l’immigration clandestine prenne un tel tournant dans un pays européen. Le problème est plus complexe et la solution se trouve en amont, dans les pays africains qui ne luttent pas contre la mafia du trafic de migrants.

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