Racisme anti-africain : Il faut sauver le pays de l'indignité.

La proximité de l'Europe de nos terres nous a valu dans l'histoire beaucoup d'avantages, mais aussi pas mal d'inconvénients, et de drames aussi. Les ribats sur notre littoral rappellent que nos ancêtres avaient sans cesse à craindre l'irruption par la mer d'un danger qui pouvait se traduire parfois par des massacres de populations.

Aujourd’hui, cette même proximité de l'Europe nous vaut d'être un des principaux points d'arrivée des flux de migrants venus du sud. Ce qui veut dire que notre pays se trouve aux prises avec un phénomène qui le dépasse largement, puisqu'il plonge ses racines à la fois dans le colonialisme des siècles passés et dans le grand déséquilibre qui se perpétue à l'échelle mondiale entre le nord et le sud.

Comme chacun peut voir, il ne s'agit pas seulement d'un inconvénient. Il s'agit aussi d'un drame humain, où nous n'avons pas cette fois le rôle de la victime. Les scènes qui nous parviennent suggèrent que nous glissons irrésistiblement dans une forme de racisme anti-africain, de "kukluxklanisation" qui nous pousse dans une forme de barbarie pernicieuse, mais dont le migrant subsaharien n'est pas le seul à faire les frais. Car la société tunisienne en paie tout entière le prix fort…

D'autant que l'Etat qui nous gouverne joue de ce point de vue un jeu malsain, fait de compromissions auprès des autorités européennes, de complaisance à l'égard des idées qui favorisent les conduites racistes et, pour jeter un voile pudique sur cette misère, de quelques déclarations aux accents fraternels à l'égard des migrants mais qui se caractérisent par le fait qu'elles demeurent dans les limites de la rhétorique.

La manière dont est gérée la situation est une preuve de plus que le pays est à la dérive, victime de ses mauvais choix autant peut-être que d'une certaine fatalité.

Mais elle met le doigt sur un défi majeur que tout gouvernement sage aura à relever dans l'avenir s'il veut sauver le pays de l'indignité.

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