Je crois que le pays, bien que disposant de nombreux atouts, est structurellement "très fragile" dans presque tous les domaines et à bien des égards. En fait, il suffit d’un seul choc pour que des signes de fragilité structurelle apparaissent :
- La crise du Covid-19 a mis à nu les profondes carences du système de santé : une incapacité visible de survivre quelques jours.
- La crise politique, ayant atteint son paroxysme, a démontré la fragilité de la classe politique et des élites intellectuelles. Elle démontre également un déficit structurel dans la capacité à mobiliser ce que l'on appelait autrefois les "forces vives du pays". L’incapacité à proposer des alternatives éclairées et réalisables aux défis majeurs auxquels le pays est confronté est un indicateur d'une fragilité systémique.
- La défaite sportive au cours de la phase finale de la Coupe d'Afrique a montré combien de faux journalistes et analystes manquent de professionnalisme lorsqu'ils portent atteinte à l'intégrité morale d'un entraîneur. Comme si la défaite sportive était une surprise impardonnable. L’enthousiasme, l’intérêt et même l’intolérance pour cette question ont dépassé le niveau d’enthousiasme pour les atrocités commises à Gaza ou même l'état médiocre de l'économie du pays.
- Le choc négatif de productivité, que ce soit en 2011 ou en 2020, a jusqu’à présent laissé des effets durables sur l’économie et la société, sans suggérer aucun optimisme ni aucune lumière au bout du tunnel.
- L’impossibilité d’obtenir un prêt du FMI a également eu un impact significatif sur les finances publiques et la société, dans un contexte sombre de stagnation économique, obligeant les Tunisiens à faire la queue devant les boulangeries pour obtenir des « rations ». Des images qui rappellent les documentaires sur les années de famine ou de guerre du siècle dernier.
Je pense que le pays est tombé dans la trappe de changements structurels nécessaires mais urgents, dont les conditions sont difficiles à concilier.