Avant-hier, la réponse iranienne tant attendue au bombardement israélien du consulat iranien à Damas, qui avait tué le général Haj Zahedi, entre autres, a eu lieu.
L’Iran a mené une attaque simultanée avec des drones et des missiles afin de saturer la puissante défense anti-aérienne d’Israël. Des missiles ont frappé deux bases militaires israéliennes (le mont Hermon et Novatim). Aujourd’hui, l’autorité iranienne revendique ces deux objectifs comme premiers, mais il est tout à fait évident que cette revendication a simplement pour fonction de faire coïncider les objectifs atteints avec les intentions réelles (que nous ne connaissons pas), afin de pouvoir dire que le succès a été complet.
Au-delà de ces escarmouches, les cibles ont été choisies intentionnellement parmi les bases militaires israéliennes, en laissant de côté les civils, de sorte que l’incident déclenché par l’attaque de Damas a pu être considéré comme clos avec cette réponse, au nom de la proportionnalité.
Les États-Unis, en cours d’élection, n’ont pas l’intention de s’impliquer dans un conflit direct avec l’Iran, ce qui les exposerait à un autre front simultané en termes de soutien militaire de plus en plus compliqué (Ukraine, Taïwan, Syrie, etc.). Biden a déjà fait savoir que, bien qu’il soutienne Israël comme toujours, il ne veut pas d’une nouvelle escalade.
Les dirigeants iraniens, par la voix du général Mohammad Bagheri, ont affirmé, pour leur part, qu’avec cette réponse, ils considèrent l’incident clos, mais qu’ils se réservent le droit de répondre sous une forme amplifiée en cas de nouvelle attaque israélienne.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement israélien, qui peut décider soit de minimiser ce qui s’est passé, arguant que les dommages subis sont négligeables et qu’aucune réponse n’est nécessaire, soit, au contraire, en agitant le spectre de la première attaque directe sur son territoire, il peut préparer une contre-attaque.
Une nouvelle attaque israélienne forcerait l’Iran à répondre ainsi à ses promesses, initiant l’escalade redoutée qui ne peut aboutir qu’à une guerre régionale dévastatrice (dans une région déjà au bord de la crise de nerfs en raison du massacre de civils palestiniens qui a eu lieu ces derniers mois et qui est toujours en cours).
Malheureusement, tout porte à croire qu’Israël suivra précisément cette voie, à la fois parce que l’intention de déclencher une escalade semble avoir été transparente dès le début (l’attaque contre le consulat iranien n’avait pas de fonction stratégique sur le plan militaire, mais seulement le sentiment d’une violation si manifeste qu’elle oblige une réponse), et parce que le sort interne de Netanyahou dépend de la durée du conflit et de sa capacité à maintenir le front interne uni autour de lui.
La perspective d’une guerre régionale, en plus d’ouvrir des scénarios potentiellement apocalyptiques sur un plan strictement militaire, provoquerait une nouvelle crise du trafic le long des routes du canal de Suez et des canaux d’échange de matières premières entre l’Europe et l’Asie (ce que les États-Unis pourraient saluer).
L’Europe, de plus en plus en génuflexion devant les États-Unis, passive et réduite au rôle d’interprète des tissus atlantiques, se prépare à un avenir de misère pour ses peuples.