Le résultat du vote français était annoncé depuis longtemps, vécu presque avec fatalisme. La question est maintenant de savoir si nous sommes à la veille de l’extrême droite à l’Élysée.
Pendant longtemps, la France n’a pas su qui il était. L’effondrement du gaullisme, après la « cure Sarkozy », la relation non résolue avec l’Allemagne et l’UE, la crise d’influence en Afrique, les moyens militaires éléphantesques sans un sou pour rendre l’armée opérationnelle, la question de l’immigration, l’élargissement des inégalités sociales, le caractère prédateur des élites économiques, le contraste entre Paris et le reste du pays et enfin un niveau économique bien au-dessus du potentiel industriel et économique du pays a généré un mélange mortel qui menace d’exploser.
À cela s’ajoute la crise institutionnelle balayée sous le tapis : le présidentialisme français ne fonctionne pas et le double changement coupe les ailes, laissant les forces modérées ou, comme dans le cas de Macron, les forces extrémistes néolibérales déguisées en modérés monter au gouvernement.
L’absence de représentation se double de la présence dans le pays d’une véritable oligarchie financière qui, comparée aux potentats italiens, reste ancrée dans le pays, sans toutefois rien posséder de l’ancienne bourgeoisie nationale. Les oligarques français ont une relation rapace avec le pays et tiennent les institutions en otage par le contrôle des médias.
Macron était leur homme. Il est donc compréhensible que le vote s’exprime sous la forme d’une révolte contre lui. Maintenant, le vote anticipé pour le parlement risque de se transformer en un pari très dangereux. Macron, bien que dans un langage élégant, défie les Français. Est-ce qu’il leur dit : « Êtes-vous sérieux ? »
Le risque est que le vote se transforme en référendum sur le macronisme et sa politique. Je crains le pire. Après tout, depuis plusieurs années, j’entends dire que tôt ou tard les lepénistes arriveront au pouvoir. Je ne pense pas que ce résultat soit écrit dans les étoiles, mais le macronisme a certainement conduit le pays dans une impasse.