Le soupçon qui ajoute à la paralysie.

Les défaites cruelles que subit en ce moment le camp irano-libanais à travers l'élimination par Israël des figures éminentes du Hezbollah sont, de façon assez incontestable, le résultat d'une double faiblesse. La première est technologique, la seconde est celle du renseignement. Sur ces deux tableaux, Israël a montré une supériorité qui laisse tout simplement songeur.

Concernant la supériorité technologique de l'ennemi, personne ne l'ignorait. On pensait seulement qu'elle pouvait être compensée par la combinaison heureuse de la débrouillardise et de la bravoure. Avec cet adjuvant essentiel qu'est la foi en la cause et l'engagement au péril de la vie.

Concernant la supériorité du renseignement, c'est l'élément nouveau. Car même si Israël jouit de compétences particulières dans ce domaine, on pensait que le Hezbollah constituait un corps bien protégé des intrusions et des infiltrations grâce notamment à son ciment religieux. Or ce corps se révèle plus poreux qu'on ne croit. Sans doute peut-on parler de l'existence de "traitres" dans ses rangs. Mais parler de la sorte, c'est ignorer que la guerre moderne repose en grande partie sur la capacité de pénétrer le camp ennemi à travers des "agents".

Ceux qu'on appelle des traitres ne sont souvent rien d'autre que des ennemis qui ont pris l'apparence d'amis. Ils l'ont fait grâce à un savoir-faire qui relève de la psychologie et de la connaissance fine des mœurs du camp à infiltrer, de manière à pouvoir non seulement les mimer en faisant illusion mais aussi en user pour accéder aux cercles de commandement. Ils l'ont fait sans doute aussi grâce à un autre savoir-faire qui consiste à retourner chez certaines personnes la nature de leur allégeance de manière à ce qu'elle serve ses propres intérêts…

Or c'est donc sur ce terrain de la guerre des informations sensibles qu'Israël fait désormais la démonstration d'une supériorité nette. Et cette supériorité est peut-être plus critique pour le Hezbollah que la première. Car, à côté de la perte de ses leaders qu'elle doit gérer, il y a le soupçon qui va régner dans les rangs de l'organisation au sujet de la source des fuites : un soupçon qui ajoute à la paralysie.

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