Feu Hassine Dimassi : Esprit libre, ancré dans une pensée marxienne intellectuellement engagée.

Feu Hassine Dimassi comptait parmi les figures universitaires tunisiennes ayant marqué des générations entières durant des décennies. Historien des faits économiques, sa thèse de doctorat sur la période coopérative des années 1960's demeurait une référence incontournable, aux côtés de celle du Professeur Abdeljalil Bedoui, lors des "Cercles de discussion" des années 1980's.

Ces débats, organisés quasi quotidiennement à la Faculté de Droit, des Sciences Politiques et Économiques de Tunis – en face de l’Amphithéâtre I –, rassemblaient une jeunesse plurielle. Les participants, issus de sensibilités politiques et idéologiques variées, assistaient parfois à des interruptions inattendues : le modérateur, soucieux de trancher les points de discorde, faisait alors appel à la thèse de Dimassi, extraite en urgence de la bibliothèque universitaire pour étayer les échanges.

Esprit libre, ancré dans une pensée marxienne intellectuellement engagée, Hassine Dimassi a marqué la sphère publique tunisienne à travers plusieurs prismes. Son attachement à l’UGTT sous Bourguiba et Ben Ali, son appartenance au Mouvement d’Union Populaire (MUP) – un parti de l’opposition sous Bourguiba –, mais aussi son mandat inachevé suite à sa démission volontaire du poste de ministre des Finances au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011, témoignent d’un parcours mêlant réflexion critique et action concrète.

Ses prises de position médiatiques, aussi singulières que controversées, renforcent cette image d’un homme insoumis à ce qu’il aurait considéré comme des dogmes.

En tant qu’enseignant, il cultiva une approche iconoclaste, distincte des courants dominants. Dans un contexte universitaire où se croisaient influences intellectuelles, politiques et idéologiques, ses cours ouvraient des espaces de réflexion sur les enjeux socio-économiques fondamentaux.

Cette audace se manifesta avec éclat lors d’une conférence internationale à Tunis (1989-1990) sur le Plan d’Ajustement Structurel (PAS). Face aux défenseurs libéraux du PAS, comme M. K. Nabli ou M. Safra, Dimassi opposa une critique cinglante, centrée sur les répercussions sociales négatives et la dépendance accrue de la Tunisie aux capitaux étrangers – des angles presque délaissés par les analyses économiques orthodoxes de l’époque.

Aujourd’hui, les universitaires de l’envergure de Hassine Dimassi se font rares, laissant un vide tant intellectuel qu’éthique dans le paysage académique.

Que Dieu lui accorde Sa miséricorde et Son pardon.

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