Encore une fois, l’abomination a frappé au cœur de Paris. L’année en cours approche de son terme comme elle l’a commencé et notre nation, déjà éprouvée, est affligée. La bête immonde, comme à son accoutumée, prend pour cibles des êtres innocents. Notre première pensée va dans le recueillement à la mémoire des victimes. Et toute notre compassion est assurée à ceux qui luttent pour la vie dans les différents hôpitaux.
Beaucoup de proclamations sont écrites et proférées. Les communiqués abondent et il ne s’agit pas d’en rajouter. Mais il faut simplement s’assurer d’une chose et le clamer haut et fort : c’est que face à la terreur, nous ne devons jamais abdiquer. C’est une déclaration de résistance et d’insoumission que nous opposons aux terroristes assassins. La récurrence de leurs attaques n’atteindra jamais notre détermination à œuvrer inlassablement pour le triomphe des idéaux de concorde et de fraternité et, en même temps, à lutter toujours afin de mettre à mal l’incarnation du mal que nous nommons en l’occurrence.
C’est une idéologie mortifère ayant avili la religion islamique et perverti la révélation coranique. Nous le savons que trop bien. La responsabilité des hiérarques religieux qui ont laissé les sermonnaires doctrinaires tenir leurs discours manipulateurs est plus qu’engagée. Ces derniers sont comptables et coupables des crimes perpétrés au nom de Dieu. Tous ces prêcheurs de haine qui avaient cru bon exploiter le ressentiment de justifier les attentats-suicide en les qualifiant d’opérations-martyres doivent répondre de cette distorsion et de leur forfaiture.
Pour l’heure, gageons qu’en France, toutes les franges de la nation puissent rester unies et ne pas tomber dans le piège de la division tendu par les terroristes. La solidarité dans l’union, la capacité de résilience et la pulsion de vie sont les meilleures réponses à cette vague d’attentats. Après le temps de la sidération et de l’affliction, celui des analyses justes ouvrira l’ère de la stabilité et de la paix. Du côté islamique, une refondation de la pensée théologique combinée à une saine éducation fondée sur l’amour et la bonté permettra assurément d’immuniser les jeunes générations des germes du fanatisme et de les prémunir du danger du radicalisme.
*Ghaleb Bencheikh, né en 1960 à Djeddah en Arabie saoudite, est un docteur en sciences et physicien franco-algérien. Fils du Cheikh Abbas Bencheikh el Hocine et frère de Soheib Bencheikh, ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris et ancien mufti de Marseille, il est également de formation philosophique et théologique et anime l’émission Islam dans le cadre des émissions religieuses diffusées sur France 2 le dimanche matin. Il préside la Conférence mondiale des religions pour la paix. Orateur s’exprimant avec beaucoup d’aisance, Ghaleb Bencheikh propage et vulgarise à sa manière les thèses et les idées fortes de son frère Soheib Bencheikh. Il appartient au comité de parrainage de la Coordination française pour la décennie de la culture de non-violence et de paix.