Il fut d’abord fustigé, houspillé, ensuite et sans ménagement marginalisé pour découvrir enfin, à ses dépens, que les mésalliances opportunistes dictées par des calculs du même acabit suscitent les méfiances les plus frileuses dont la conséquence légitime est la disgrâce!
Vivant très mal cette solitude et cet isolement, le funambule travaille ses talents d’équilibriste, et profitant des moments tragiques vécus récemment à Paris et dans un de ces hameaux tunisiens délibérément voué à l’indifférence et au mépris où un jeune berger a été décapité par le terrorisme odieux, le turlupin sort de cette hibernation imposée pour épiloguer sur la guerre contre le terrorisme qui nécessite selon lui une réduction des libertés en échange d’un surcroit de sécurité et de répression.
A la manière d’une Marine Le Pen, il saute dans le premier wagon du long convoi fasciste, se rappelant sans doute son passé stalinien et l’admiration sans bornes qu’il avait envers les idoles les plus sinistres du totalitarisme bolchévik et maoïste, et nous justifie sans sourciller, cet accent martial qui, hormis ses vieux démons communistes, le rapproche du génie de Bush père et fils, qu’il cite en l’occurrence, et d’un François Hollande, mollasson à ses heures perdues, mais dont le lyrisme guerrier est tout à fait inadapté au personnage.
Privé de médias et ignoré par les journalistes, qui ont probablement reçu des instructions du palais de Carthage, pour mettre une sourdine et à sa voix de stentor et à ses ambitions démesurées de saltimbanque des fêtes foraines, le trublion s’adresse désormais à ses paroissiens et à ses innombrables admiratrices ( il parait que les femmes aiment son côté macho ténébreux et sa virilité débordante…vous savez les fantasmes, ça vous donne les pires illusions) via les réseaux sociaux et particulièrement Facebook où ces statuts enflammés et tonitruants lui donnent l’impression d’exister encore au fur et à mesure qu’il compte les« like » dont quelques groupies indulgents voire complaisants le gratifient pour le soutenir dans cette épreuve si cruelle où le moral en berne, il a besoin de sentir l’affection de ces aficionados.
La tragédie parisienne venant à point nommé occulter les divisions actuelles au sein de Nidaa Tounès et détourner l’attention de l’opinion publique de la querelle qui l’oppose à la dynastie Essebsi, notre roturier, vexé par l’impudence de quelques courtisans stigmatisant son narcissisme et louant les qualités, tout à fait indiscernables, de son rival, en l’occurrence Hafedh Caïd Essebsi, sort de son mutisme et nous propose de troquer notre liberté fraichement acquise contre le tout-sécuritaire dont il serait le preux parangon !
Rebondir de cette manière pathétique et faire florès sur le dos des victimes du terrorisme est de bon aloi chez cet ancien marxiste dont la vertu principale est de baragouiner dans les capharnaüms d’idées susceptibles d’attirer le chaland endimanché et quelques bourgeoises frivoles taquinées par une ménopause intellectuelle précoce et par un rhume du cerveau chronique.
D’ailleurs, quelques heures après l’horrible carnage du Bataclan et alors qu’une mère tunisienne désespérée tenait dans ses bras décharnés la tête de son fils exécuté par une barbarie immonde, le desesperado publiait un statut Facebook dans lequel il affirmait solennellement : « Je suis Français »…Il aurait dit : « Je suis le jeune berger »…cela aurait été d’une légèreté insoutenable et on l’aurait accusé de populisme, en revanche, se proclamer gaulois, d’une part cela a de la gueule et d’autre part ce n’est pas un déni d’identité, bien au contraire, c’est l’expression d’une allégeance dont les personnes avisées ne doutaient point.
Il semble que Marzouk ait choisi son nouveau quartier général, ça sera les murs amis de Facebook, lieu convivial par excellence, où les prêches se font tous les jours et à tous moments, où l’exercice sacerdotal de la politique n’obéit pas aux règles du clergé et où les adhésions fraternelles à son ambition se mesurent en nombre de « like ».
Je ne sais pas si le mode de scrutin comptabilise les « j’aime », mais cela peut s’avérer une bonne thérapie pour surmonter la déprime actuelle.