A l’époque des monarchies et des courtisans, le roi aimait s’entourer de ses « favoris » et se montrait fort généreux à l’égard des plus couards d’entre-eux.
Très attentif à leur science infuse et à leur culture encyclopédique, plein de déférence envers leur exégèse, il s’inspirait de leurs connaissances et y puisait matière à réflexion, tout roi qu’il était, il n’était pas censé maitriser tous les sujets et avait besoin des conseils avisés de quelques sommités dont la notoriété transcendait l’égo pusillanime du monarque !
Que vous soyez le Roi Soleil, l’empereur Bokassa, le Bey Trombinette ou l’obscur monarque d’une île perdue dans les eaux amères du pacifique, vous êtes sensibles aux marques de sympathie et autres intérêts provenant des têtes bien faites et accessoirement bien pleines, car, se savoir estimer par la caste des intellectuels c’est se prémunir de leur vague à l’âme et de quelques rudesses et ruades dont ils sont capables si d’aventure l’appel de la dissidence séduit plus que la léthargie de la connivence !
Toute désinvolture à l’égard de la bien-pensance autoproclamée présente des périls dont quelques pétitions pamphlétaires ourdies contre le Prince, sa politique, ses choix et ses alliances.
En revanche, si le Prince endigue leurs assauts à la faveur de son bagou légendaire, de quelques frivolités rhétoriques, au besoin, accompagnées d’épithètes finement choisies pour endormir le baudruche et le confiner à sa vanité si sourcilleuse, l’aigreur de notre intellectuel mondain et carriériste fondra comme neige au soleil et se muera en salamalecs et en louanges dithyrambiques !
Forban consacré et satrape en guenilles, notre monarque, sait négocier les virages difficiles et apaiser les inquiétudes ravageuses que quelques zélés adversaires d’Ennahdha, savent si bien mettre en scène avec la complicité des médias pour créer ce climat de suspicion propice au marchandage et aux gratifications !
Oui, car pour arracher leur consentement voire leur bénédiction, Jupiter doit bien leur concéder quelque chose, outre à les caresser au sens du poil, le silence de notre intelligentsia se monnaye, Ben Ali, en sait quelque chose, lui, qui les a si admirablement domptés, réduits à une meute de chiens de faïence, à une cohorte de thuriféraires impudents et redoutablement agressifs envers ses ennemis du dehors comme du dedans, Béji Caïd Essebsi, en est conscient d’autant plus que ceux-là ont des collusions suspectes avec son ennemi juré, le Mohsen Marzouk , soupçonné en l’occurrence, de manipuler les griots afin de provoquer un boucan d’enfer dans les corridors de Carthage et d’en évincer le père, le fils et le saint esprit ! Qui a dit cabale ????
Reçus donc en petit comité, nos troubadours, dont certains étaient sans équivoque les sbires du benalisme, ont été conviés à un tour de passe-passe du plus grand prestidigitateur de la période antédiluvienne, tantôt épique avec ses fantasmes bourguibiens, fantôme dont il ne peut plus se séparer, tantôt accommodant et réceptif à leurs critiques qu’il considère, malgré ses prouesses sémantiques, avec le dédain impérial qui est le sien…Mais, en démocrate malgré lui, il tient à leur rappeler que nous vivions une transition difficile qui nécessite le consensus le plus large et les arrangements les plus douloureux, l’allusion, pas si discrète que cela, signifie que vous devez supporter tout comme moi les alliances politiques actuelles !!!
Le roublard à la ruse si foisonnante, n’ignore pas que ces maquignons sont malléables et qu’ils sont à l’intégrité morale ce que Mère Teresa était à la débauche !