Je redirai les points d’appui de mon analyse sur tout ce que l’arrogant main stream politique du monde occidental (et arabe) s’obstine aujourd’hui à criminaliser indistinctement en le labellisant “islamisme”.
J’inviterai donc ceux qui souhaitent “déniaiser” leur compréhension de la géopolitique du monde contemporain à réaliser à quel point il est essentiel de connaître l’identité et les motivations réelles de tous ceux - et ils sont nombreux- qui, sous couvert des justes “défense de la laïcité”, “lutte contre le terrorisme” et parfois même “contre l’antisémitisme”, s’allient pour promouvoir le bréviaire de la haine “anti-islamiste” primaire.
Je rappellerai d’abord que dans le monde arabe - de Rached Ghannouchi à Abou Bakr al-Baghdadi - la qualification très imprécise (“qui fait plus de bruit que de lumière”) d’”islamisme” désigne en réalité des courants politiques d’une extrême diversité.
Je regretterai ensuite que, dans un contexte politique extrêmement différent, cette appellation ait pris en France un sens de plus en plus extensif : depuis Daech, elle englobe désormais jusqu’aux équipes du Bondy Blog ou même la chanteuse Mennel ! Et elle permet ainsi de stigmatiser n’importe lequel de nos concitoyens de confession musulmane dès lors qu’il entend se démarquer si peu que ce soit - fût-ce de la façon la plus légaliste qui soit et au service des causes les plus humanistes - du carcan de la pensée dominante. Même, lorsque cette pensée “officielle” devient clairement sectaire.
J’identifierai ensuite la liste des membres de la puissante coalition “orientale” qui depuis plusieurs décennies cultivent, confortent et instrumentalisent ces craintes, ces méconnaissances et ces stratégies sectaires et revanchardes où se développent en France les crispations hostiles à la religion musulmane : les rescapés des vieilles gauches d'abord et parfois des membres des minorités religieuses, les communicateurs des dictateurs anciens ou nouveaux ensuite et bien sur et, last but not least, le formidable orchestre de la communication israélienne qui leur est de plus en plus explicitement allié.
Bien sûr, je répéterai aussi que ... non... non...non, jamais, au grand jamais, je n’ai écrit ou dit que “les islamistes ont toujours raison”. Je redirai donc qu’il existe des lignes rouges qu’aucune de nos appartenances religieuses respectives ne saurait nous autoriser à franchir. Mais je m’emploierai plus encore à faire admettre- ce qui serait déjà une grande victoire de l’esprit - que les représentants du courant politique qui est sorti vainqueur des premiers scrutins du printemps arabe, potentiel porteur de majorités politiques dans toute la région, n’a pas automatiquement, systématiquement, toujours et partout... entièrement tort.
Je montrerai que le ciment idéologique de la coopération criminelle entre Macron et Sissi ou ses homologues (dangereuse aujourd’hui pour la population égyptienne et demain pour tous ceux à qui elle demandera légitimement des comptes !) est leurs “anti-islamismes” respectifs. Préjugés, méconnaissance et mal-être post-colonial côté français, pur cynisme autoritariste côté égyptien ou saoudien : qui (à part Macron et son ministre des affaires étrangères) oserait en effet sérieusement penser que le différend entre Ben Salmane ou Sissi et les Frères est d’ordre “islamologique” !
Je remercierai enfin une nouvelle fois Matthieu Aron (de L’Obs) et son paresseux compère Michel Guerrin (celui qui au Monde quand il est à sec pour sa chronique hebdomadaire, recopie platement l’Obs) pour avoir démontré qu’il vaut mieux manipuler grossièrement mes propos qu’espérer y trouver quoi que ce soit pouvant me faire passer pour un “antisémite”, cette sempiternelle accusation infamante que ces irresponsables pompiers pyromanes accolent régulièrement, au risque de la discréditer, à tous ceux qui refusent de rentrer dans le moule de leur pensée dominante….
Un beau programme non ?