Morts pour cause de corruption ?

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Il a donc fallu la mort de quinze nourrissons pour que l’on prenne conscience des dangers de la corruption : cette hydre tue ! Et pas seulement des nouveaux nés dans un hôpital pour pauvres, dont la dépouille a été remise aux parents dans des boites en carton ; les riches ont les moyens de se faire soigner dans les cliniques faites pour eux, quelquefois inaugurées par des ministres de la santé publique, toujours encadrées par les meilleurs praticiens, souvent détournés de la fonction publique. Ce n’est pas la première fois qu’elle tue, mais cette fois-ci, tout le monde en a entendu parler, en a été ému.

Rendrons-nous enfin justice aux victimes, martyrs de l’abandon de la santé publique, d’un laisser-aller voulu par les responsables ? Car la corruption, source de bien des financements suspects, en particulier dans le domaine politique, ne perdure et se développe qu’à la faveur de l’impunité dont elle jouit, du silence général autour d’elle : les rapports de la Cour des Comptes sur ces sujets sont restés lettre morte, ceux concernant la santé ont été injustement démentis d’un revers de main par le ministre, le gouvernement et son chef n’ont rien fait pour les appliquer, et la justice est muette sur le traitement des dossiers que lui a transmis l’instance de lutte contre la corruption.

Pourtant, le peuple tunisien est en droit de tout connaître de ce fléau dont il est la plus grande victime, il est en droit d’exiger la confiscation de tous les biens ainsi acquis, argent, maisons, produits de luxe, etc., et leur mise à la disposition du budget, afin de réduire l’endettement et de pouvoir acheter les produits de première nécessité, en particulier les médicaments qui manquent tragiquement, …

La balle est du côté du pouvoir qui doit nous dire pourquoi les barons de la corruption continuent de prospérer, encourageant tous ceux que leur place ou leur fonction dans le circuit économique rend capables de profiter de ces méthodes ; il doit des comptes à tout le peuple, à tous ceux que la tragédie de La Rabta a bouleversé.

Ne nous contentons pas de vagues mesures individuelles, exigeons que soit mise en accusation la corruption tout entière, en arrêtant ses véritables promoteurs, en mettant fin à l’impunité.

Les candidats aux prochaines élections doivent être jugés sur un tel programme, et, pour ceux qui ont des responsabilités politiques, sur leur action dans ce domaine. Autrement, se profilera le danger de perdre complètement de ce qui reste de notre souveraineté nationale.

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