La France, celle que nos vieux surnommaient " el Akri ", lorsqu’elle a fait sa révolution de 1789 malgré les exécutions inhumaines de la terrible invention de Joseph Ignace Guillotin , n’a pas osé toucher aux demeures de ses rois et à leur patrimoine mobilier ; le même cas en Russie pour les palais des tsars , la chine et le japon avec les demeures de leurs empereurs , l’Iran avec les palais et les demeures de la dynastie des chahs Pahlavi et des rois qui les ont précédés ; l’Egypte pour les palais de la dynastie Mehmet Ali etc. etc. …
Par contre chez nous, c’est la démence de la destruction qui s’était emparé des nouveaux maîtres venus au pouvoir après le coup d’Etat destituant le Bey en 1957.
Après le dynamitage du prestigieux palais Tej à la Marsa , est venu le tour des remparts de Tunis , de ses portes pourtant centenaires , de la Kasbah , des quartiers à Bab Saadoun , Bab Souika , Bab el Fella . Tous ont été, à des périodes différentes, victimes des coups de la pioche, de la masse et de la pelle !
Après une accalmie qu’on croyait définitive, voilà la démence de la destruction qui se réveille à nouveau chez certains, juste à la veille de la fête de l’indépendance de 2019. Est-ce innocent ??! .
Hier, je n’étais pas surpris lorsque j’ai appris que la pioche s’était à nouveau planté dans les armoiries beylicales ornant l’entrée du palais husseinite à Carthage car , en ce pays de Tararani, on doit s’attendre à tout , mais mon étonnement venait de la date choisie pour cette lâche démolition entreprise juste à la veille de la fête de l’indépendance ? !
Il y a lieu de rappeler, surtout aux amnésiques adorateurs du zaim Bourguiba, que le palais de Carthage n’appartenait pas à l’Etat Tunisien mais à Lamine Bey en personne et à sa descendance, car ce palais, construit par Ahmed Zarrouk en 1860, appartenait à Bessis, il a été acheté par Habib Bey pour abriter sa famille et Lamine Bey, en l’héritant, l’a aménagé grâce à un prêt personnel qui lui a été octroyé par une banque de la place. De 1943 à juillet 1957, année de sa destitution, il en a fait sa demeure et Palais d’Etat …
En 1957, le palais a été illégalement et sans jugement confisqué, ses occupants chassés et est resté sous l’autorité de l’Etat Tunisien…
La petite murette frontale était en très bon état, portait les emblèmes Beylicaux Husseinites et ne menaçait pas ruine mais le génie de la haine, de l’ignorance et de la servilité maladive a poussé un connard dont je suis certain qu’il ne sait rien de ce que voulait dire république, à donner l’ordre de la démolition alors que le palais fait partie des monuments reconnus par l’UNESCO et classé comme patrimoine historique et culturel protégé ?? !!
Pire encore, c’est le silence de l’Institut national du patrimoine et celui du ministère de la culture, qui ont laissé faire cette énorme bévue, qui me laisse perplexe. Puis cette manière de l’INP qui cherche à se disculper alors que l'entière responsabilité lui incombe. ! Sans oublier le silence des médias face à un acte pareil.
Comment une pareille démolition s’est effectuée alors qu’en principe cet institut Etatique est à consulter pour avoir son aval avant d’entreprendre des travaux ??
Les sites et les monuments protégés sont pourtant répertoriés sur une liste qui, en principe, est adressée à toutes les directions des délégations et des communes municipales et même à l’UNESCO …
Rien à ajouter sauf que c’est un pays de Tararani où tout se fait dans l’illégalité , l’irresponsabilité et l’indifférence des autorités et dont le premier perdant ce sont nos enfants et les générations futures qui risquent de perdre les traces de leur histoire ..
On détruit l’aqueduc parce qu’il est Romain, on fait des trous de passage dans les flancs des murailles anciennes des villes et des ribats parce qu’ils sont Aghlabides, Abbassides, Fatimides et que sais-je encore ? Et on détruit le peu qui reste des beys Husseinites parce que c’est la monarchie !
J’espère que tous les Tunisiens libres, épris de justice et soucieux pour les monuments, palais ou simples demeures qui racontent leur histoire, réagissent et condamnent pareils agissements…
Pendant que sous d’autres cieux les pouvoirs publics ont restauré tout ce qui rappelle leur histoire, les pouvoirs en Tunisie, eux, ont détruit les murailles, les portes et les édifices et même les quartiers anciens des villes tout cela pour satisfaire l’ego d’un zaim narcissique qui voulait que l’histoire de la Tunisie soit liée à sa propre histoire personnelle…
Donc, ça suffit, ça suffit ! Halte aux destructions irresponsables et halte à cette politique de la terre brûlée !