À propos de la justice de la nuit…

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À propos de la justice de la nuit... Rien n'interdit à un procureur d'entendre un prévenu de nuit et rien n'interdit à un juge de prononcer la mise en examen d'un prévenu même tard dans la soirée.

En France, pour ne citer que cet exemple, plusieurs personnalités politiques dont l'ancien président Sarkozy ont été entendues le soir avant d'être mises en examen dans la foulée.

Ce qui pose problème, ce n'est pas que des prévenus soient entendus tard le soir ou inculpés. Ce qui pose problème c'est plutôt la systématisation de la mise sous mandat de dépôt. Dans les cas de Rebrab ou de Haddad par exemple, les avocats peuvent arguer du fait qu'elles sont des personnalités publiques qui peuvent donner des garanties de se mettre à la disposition de la Justice sans que celle-ci n'ait recours à la détention préventive.

Quoique dans le cas de Haddad, il est difficile de plaider cet argument dans la mesure où il a été arrêté alors qu'il tentait de se soustraire à une ISTN.

Ahmed Kouninef, le père des trois frères Kouninef…

Ahmed Kouninef, le père des trois frères Kouninef, a aidé Bouteflika à rembourser l'argent que celui-ci avait déposé dans un compte suisse entre 1965 et 1978 et qui constituaient les reliquats budgétaires des ambassades algériennes à l'étranger?

Khorti ! Voici l'histoire.

On peut la vérifier auprès de ceux qui l'ont vécue. Ils sont encore de ce monde. En février 1979, peu de temps après son élection, le président Chadli Bendjid réunit le BP du FLN. A l'issue de cette réunion, il reçoit Ahmed Taleb Ibrahimi dans son bureau à El Mouradia. Alors que les deux hommes discutent, Mouloud Hamrouche, directeur général du protocole à la présidence, entre dans le bureau présidentiel pour informer Chadli qu'Abdelaziz Bouteflika souhaite le voir.

Chadli lui demande de le faire entrer. Taleb suggère au président de laisser les deux hommes seuls. Chadli refuse. Bouteflika tend alors un chèque à Chadli en lui expliquant que ce sont les reliquats budgétaires des ambassades qu'il a gardés dans un compte personnel en Suisse.

Chadli lui demande pourquoi a-t-il entreposé ces fonds dans un compte personnel alors qu'ils auraient dus être rapatriés en Algérie et versés au trésor public. Bouteflika dit d'un commun accord avec Boumediene, ces fonds devaient servir à la construction du nouveau siège du ministère des Affaires étrangères.

Chadli lui répond que si ce ministère devait être construit, ça serait au gouvernement d'en décider et au trésor public de le financer. Sur ce, il invite Bouteflika à prendre attache avec le ministère des Finances, de lui remettre le chèque et de régulariser avec lui sa situation financière. Fin de l'entretien.

C'est là que commence l'histoire de la Cour des Compte dont on connait l'issue. Quid de l'aide d'Ahmed Kouninef à Bouteflika? Kouninef a fait comme beaucoup de gens, notamment des Syriens, des Saoudiens, Emiratis et autres particulières algériens que Bouteflika a sollicité en bienfaiteurs durant "sa traversée du désert" en prétendant être dans la dèche, privé de son salaire par les autorités algériennes, spolié de ses biens et jeté à la rue.

Kouninef l'a hébergé et dépanné financièrement. Lui et ses enfants ont été largement payés de retour depuis 1999.

L’opinion a besoin de clarté

Dans ces moments où la situation évolue d'une manière vertigineuse, l'opinion a besoin de clarté, de sérénité, de lucidité et peut-être même de clairvoyance. C'est là où intervient notre travail de journalistes.

Les lecteurs attendent d'abord des informations vérifiées et recoupées même si l'exercice est complexe. Ils attendent des décryptages, des éclairages et la mise en perspective des informations que nous leur livrons. C'est d'autant plus indispensable que l'opinion- et nous même d'abord-, est submergée par des flots incessants de news dont beaucoup ne sont pas vérifiées, pas croisées et pas recoupées.

Le recul, la distanciation, la mesure et la prudence sont nécessaires dans ces moments car on peut se tromper et de là induire en erreur ceux qui nous lisent ici et ailleurs. Je ne prétends pas donner de leçons à quiconque.

Chacun est libre de ses opinions et de ses jugements. Ce que je dis ici, j'essaie de l'appliquer à moi-même dans la mesure du possible. Je regarde Facebook, je lis des statuts, je suis ce qui s'écrit depuis deux ou autres jours sur l'actualité. Et je me dis : mazette, y a du boulot à faire.

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