Pendant des années, des pays ont été des pays coloniaux, au début, c’étaient, selon les colonisateurs, des pays qui accédaient à la civilisation ; puis on s’aperçut qu’ils étaient colonisés, ce qui impliquait aussi qu’eux et leur population étaient exploités et opprimés.
Ils se battirent et obtinrent leur liberté ; ils devinrent alors des pays indépendants, qui devenaient en principe les seul responsables de leur avenir.
Ce n’était pas si simple, ils étaient encore visiblement exploités par le néo-colonialisme, ils devinrent alors des pays néo-colonisés, selon leurs défenseurs.
On tenta un temps une appellation plus neutre, seulement géographique, les pays du Sud, mais ce n’était pas assez explicite, on laissa cette dénomination pour les circonstances officielles.
Le néo-colonialisme, qui avait des relents de soufre fut bientôt banni du vocabulaire, et de nouveaux pays firent leur apparition : les pays sous-développés ; sans qu’on puisse en attribuer la responsabilité à qui que ce soit, ces pays n’avaient pas pu exploiter leurs ressources, on oublia de dire que ces ressources étaient pillées, d’une manière ou d’une autre par les anciens colonisateurs ou d’autres.
Mais cela restait voyant, et, pour récompenser les dirigeants de ces pays qui collaboreraient avec les étrangers ex-colonisateurs, on trouva un nouveau nom à leurs pays : ils étaient devenus des pays en voie de développement, aidés dans cette voie par les pays ex-colonialistes.
Et devant les progrès que faisait leur développement, il fallut bien leur donner un nouveau nom, ils devinrent des pays émergents, aptes dès lors à siéger avec les grands à toutes les tables…
Celles de leurs peuples ne s’étaient pas vraiment remplies entre-temps.