Jour de deuil

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Finalement, après quelques jours de silence, je me décide à un commentaire, volontairement concis : la mort d’un vieil homme, si important qu’il ait été de son vivant, si attachant, si agréable… est un événement normal, une des immenses et banales tragédies de la vie.

Comme tant d’autres l’ont fait et le feront encore, et en accord avec beaucoup de ce qui a été dit, j’ai des choses à déclarer sur l’homme politique, sur son impact sur la vie du pays ; mais il ne me semble pas que l’heure des comptes soit venue, ou alors il faudrait envisager de parler aussi de tous ceux qui, par conviction, intérêt, calcul ou inertie, ont permis que l’itinéraire de cet homme, si contradictoire et sinueux qu’il ait pu être, se soit déroulé aussi longtemps.

Car il semble bien qu’ici, on soit si attaché au pouvoir qu’on ne veut pas ou on ne sait pas le quitter. Et il faut bien être comptable de cet attachement. Pas pour soi, puisqu’il est trop tard, mais pour les autres, pour qu’ils essaient de se garder de cette erreur. Mais de tout cela, on parlera en son temps, quand tout ne monde sera sorti du domaine émotionnel et que reprendra, ou commencera, le débat politique.

Je n’ai pas eu affaire personnellement et directement avec Béji Caïd Essebsi, mais j’ai subi les conséquences de son pouvoir, à plusieurs reprises, et, comme beaucoup de mes concitoyens, je n’ai pas eu l’occasion de le lui reprocher ; ce roi de l’esquive, cet équilibriste politique passait avec facilité d’une position à son contraire, et se retrouvait, d’ancien organisateur des répressions avec les plus décidés des démocrates réclamant un adoucissement du régime…

S’il se targuait d’une grande fidélité à Bourguiba, je lui ai vu une bien plus grande parenté avec un François Mitterrand, digne élève de Machiavel, habile manipulateur des hommes et des situations.

Ainsi, il avait su utiliser à son profit le formidable tremblement de terre de janvier 2011. Avec beaucoup de panache, il réussit, représentant attitré de la contre-révolution et se mettant au service des anciens caciques du régime, des corrompus et des trafiquants, à bloquer la marche de la révolution en utilisant ses faiblesses et en divisant durablement le pays en deux…

Mais cet homme était Président de la République, et même si je ne l’avais pas élu, je devais respecter en lui celui que la majorité des citoyens qui s’étaient prononcés avaient choisi, indépendamment du fait qu’il y avait beaucoup à dire sur sa compréhension de la démocratie, sur ses dérapages méprisants envers certains critiques… Car il ne manquait pas de sens de la répartie, retournant souvent à son avantages les ébauches de débats.

Mais j’ai découvert l’autre jour une sorte de modestie chez cet homme qui avait préféré reposer auprès de ses parents au lieu de réclamer un mausolée digne de son rang, et pour cela, je ne le critiquerai pas davantage aujourd’hui.

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