Interdire aux Juifs porteurs de la nationalité israélienne l'entrée du territoire tunisien, et donc le pèlerinage à la synagogue de la Ghriba, c'est quelque chose qui peut se justifier de deux manières.
La première est de dire qu'en tant que ressortissants d'un pays qui demeure juridiquement en état de guerre avec la Tunisie, ils se doivent d'assumer les conséquences du choix qu'ils ont eu de devenir un jour Israéliens.
Accorder la nationalité tunisienne à ceux d'entre eux qui sont originaires d'ici, comme le préconise notre ministre du Tourisme, est possible, mais à condition qu'ils renoncent à leur nationalité israélienne.
La seconde manière consiste à rappeler que les lieux saints de notre pays, fussent-ils juifs, ne sauraient servir de moyen de redonner à bon compte une virginité spirituelle à des hommes et des femmes dont la vie sous un gouvernement inique vaut complicité avec ses actes contraires à la dignité humaine, qu'il fait subir aux Palestiniens.
Ce qui signifie que les juifs d'origine tunisienne à qui il est question de donner un passeport tunisien ne devraient pas seulement abandonner leur nationalité israélienne s'ils la possèdent : ils devraient également le faire sous le signe du désaveu adressé à toute politique par laquelle des hommes dégradent d'autres hommes, sans exclure bien sûr celle qui est menée en Israël... Ce qui, soit dit en passant, conférerait à leur pèlerinage une signification éthique forte, loin de tout folklore et de toute nostalgie.