Pour les régimes politiques parlementaires, ou qui s’y rapprochent, la légitimité d’un gouvernement n’est acquise que devant et par le parlement. Le souci majeur d’un prétendant à la primature est d’avoir 50% des voix des députés (109 pour le cas d’Elyès Fakhfakh).
Le PDL s’étant déclaré contre ce gouvernement, il reste à Elyès Fakhfakh de trouver 109 voix parmi les 200 députés restant. Il est clair et net qu’il lui est impossible de se passer d’Ennahdha et Qalb Tounès en même temps (ils font 92 voix).
Or les garder tous les deux fera fuir d’autres partis proches du maitre d’œuvre de ce gouvernement qu’est Kaïs Saied. La solution s’est donc imposée d’elle-même, Qalb Tounès sera dans l’opposition…ce qui enlèverait l’exclusivité de cet honneur à Abir Moussi.
Est-ce à dire que ce gouvernement est celui du président Kaïs Saied?
Je ne le crois pas et c’est même une fumisterie…Kaïs Saied peut facilement et rapidement être écarté du cercle du pouvoir. Une fois le vote de l’ARP obtenu, Kaïs Saied n’aura plus aucun pouvoir sur le gouvernement dont le chef peut le bouder et mener seul (avec des partis partenaires) sa politique.
Il n’aura aucun compte à rendre au président qui n’est associé qu’à la défense et aux affaires étrangères. La légitimité électorale de Kaïs Saied peut être facilement coulée par des maladresses populistes et agaçantes, une presse acquise et des sondages manipulés… il suffit à Elyès Fakhfakh d’avoir l’appui de partis pouvant lui garantir un minimum de 109 voix pour qu’il prenne son propre envol.
Est-ce à dire que ce gouvernement est celui de Elyès Fakhfakh ? Même pas !!!
N’étant adossé à aucun parti solidement ancré à l’ARP, il est à la merci d’une simple motion de censure déposée et menée à bon terme par trois ou même deux partis. Cette éventualité aura la double conséquence : changer le gouvernement et rompre la fausse idée que le président puisse faire des gouvernements puisque le choix du nouveau chef du gouvernement revient au parti arrivé premier aux dernières élections qui n’est autre que …Ennahdha.
Non, et conformément à la constitution et au système politique en place, le gouvernement ne peut être qu’un outil de gouvernance des partis élus.