Je m’interroge souvent sur le bien-fondé de la manière dont les parlementaires assurent ‘’la redevabilité’’ et évaluent ‘’la responsabilité’’ de l’Exécutif. De longues heures sont dépensées pour reprendre les mêmes propos, souvent du même bloc parlementaire et parfois dans les mêmes termes. Violence verbale et structures linguistiques non-conventionnelles.
Tout est politisé, même aux dépens des intérêts collectifs, faisant ainsi rater aux tunisiens des opportunités en or pour :
(1) exporter la vraie image d’un peuple tolérant, pacifique et bien en avance par rapport à d’autres,
(2) renforcer l’Etat en transition dont les institutions se sont déjà émiettées, et
(3) hisser le sentier d’un processus lisse et rapide de démocratisation ; processus encore fragile et à risque de renversement avec la montée de ceux qui n'y croient et ne s'y impliquent pas.
Inviter l’Exécutif au Parlement suppose le traitement de questions dont les réponses bénéficient à une population en quête de voir le bout du tunnel. Aborder des faux problèmes ou poser des questions évidentes, serait une manière de prêter le flanc à l’exécutif de livrer des réponses de même nature, gardant ainsi entières les questions posées.
Les exemples ne manquent pas. En effet, certaines questions économiques n’ont jamais été posées dans les termes appropriés et ont par conséquent été vidées de leurs contenus. La Planification Stratégique :
(2) les Politiques Industrielles,
(3) les Finances Publiques,
(4) les politiques énergétiques,
(5) la digitalisation,
(6) le Climat des Affaires,
(7) le Partenariat International,
(8) la répartition inter et intragénérationnelle,
(9) la Politique Monétaire,
(10) le Régime de change,
(11) l’industrie bancaire,
(12) l’Indépendance de la BCT, etc.
Certaines autres questions ont malencontreusement été aplaties. Ainsi,
(13) la réduction de la masse salariale est prise pour ‘’la panacée de vigueur’’ à la réduction du déficit public dont le corollaire, en mobilisant toute la capacité institutionnelle de l’Etat, est d’apprivoiser mécaniquement les caisses de couverture sociale aux conditions extrêmes.
Si des réformes profondes avaient été envisagées, elles auraient dû commencer :
(I) d’abord par la comparaison entre les 2 principaux régimes (répartition vs. Capitalisation),
(II) des politiques macro-économiques ne se limitant pas aux LF majoritairement extractives,
(III) des préalables en faveur du secteur privé pour qu’il prenne la relève au moins dans l’absorption des nouvelles venues au marché de l’emploi,
(…). (14) la coordination des politiques macro-économiques, quant à elle, a semblé se limiter aux ‘’discussions journalières au téléphone’’ entre commis de l’Etat, alors que la question est de l’institutionnaliser à la lumière d’une règle conjointement établie, comme prévue par la pratique et la littérature.
(15) Comment se permettent les parlementaires d’évaluer la politique monétaire sans que des objectifs précis en soient connus à l’avance, ni préalablement annoncés ?
(16) de leur côté, les Politiques commerciales se sont presque articulées autour de ‘’l’arrêt de l’importation de la Turquie’’ et des produits dits de luxe arbitrairement conçus, et l’approvisionnement du marché par les ‘’moutons’’, ‘’batata et zgougou’’. Or, les stratégies commerciales sont l’axe principal de la stratégie de croissance économique dans les petites économies ouvertes.
Enfin, anecdotique est aussi d’observer la reproduction presque des mêmes interventions et mêmes fausses questions par les mêmes parlementaires à chaque plénière en recevant les mêmes réponses de même nature de la part de l’exécutif.
Mieux encore, tout le monde en est satisfait. Certains parlementaires ont fait leurs numéros et quitté la coupole, et l'Exécutif ''les a mis à leur place''.