Sommes-nous davantage dans une royauté que dans une république ?

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Des personnalités médiatiques de premier plan tels que Jawher Ben Mbarek, Hassen Zargouni, etc., nous expliquent doctement que du fait que l'élection du président de la république a pris des allures d'un véritable plébiscite, celui-ci, peut transmettre sa légitimité électorale à l'effet de conduire le gouvernement, à n'importe quelle personnalité politique de son choix.

J'ai même lu (les inconditionnels du nouveau chef du gouvernement se reconnaîtront) que le prochain locataire de la Kasbah peut même "hériter" de l'onction présidentielle.

Selon eux, le chef de l'Etat étant très confortablement élu au suffrage universel direct, il n'est pas seulement le seul à détenir et à déléguer l'autorité de l'Etat. Il est aussi habilité à transférer "ad nutum" ladite légitimité, à sa libre discrétion et entière appréciation. Bigre !

A l'instar, d'un monarque dans une sorte de dévolution successorale !! Encore un peu, et tout ce beau monde va nous expliquer que nous sommes davantage dans une royauté que dans une république.

Ainsi, si la lettre de la constitution indique qu'il appartient en premier lieu, au parti ou à la coalition de partis arrivée en tête de désigner un chef du gouvernement, il fallait comprendre, qu'à contrario, l'esprit de la même constitution, permettait que le Président puisse choisir à sa guise, la personnalité la plus "apte" pour occuper la fonction de chef du gouvernement jusqu'au sein même du parti arrivé en queue lors des législatives...

Çà c'est une leçon de droit constitutionnel tout à fait "Révolutionnaire" !!!

Bref, pour tous ceux qui sont comme moi, lents à la détente, et en inversant les rôles, si N. Karoui avait été élu à la place de K. Saied, il aurait pu, lui aussi, opter lors de la seconde tentative pour quelqu'un en bas du tableau des résultats électoraux. Par exemple : S. Aidi, polytechnicien au look de padre grec dont les récentes performances électorales sont identiquement les mêmes que celles réalisées par celui qui s'apprête à obtenir son investiture demain (10 000 voix sur une participation de plus de 3,5 millions de votants au 1er tour de la présidentielle) et dont le parti Bani Watani a égalé le nombre de sièges à l'Arp que celui du Ettakatol, c'est à dire zéro.

En somme, tout compte fait et refait, c'est ce genre de profil à la compétence technique supposée et à la probité avérée, mais à l'extraction électorale proche du néant, qui doit être la personne la mieux indiquée pour trouver une majorité parlementaire hétéroclite…

Il paraît qu'une importante délégation de politiciens italiens va se rendre bientôt à Tunis.

Dignes héritiers de la "combinazione" et adeptes du "transformisme" dans la plus pure tradition italienne (concept qui exclut les forces situées aux extrémités pour gouverner au centre allant de Cavour à Craxi en passant par Giolitti, Crispi, Andreotti et Berlinguer) ils seront conduits par le sulfureux Matteo Salvini qui vient d'être battu aux législatives dans la province d'Émilie-Romagne.

Cette délégation aura donc pour mission d'étudier les lois de reproduction du cheptel politique local dans un contexte de rejet massif de la classe du même nom : 45% de participation contre 63% au 1er tour de l'élection présidentielle en 2014 et 42% contre 68 % aux législatives de 2014…

Au menu des discussions, le parcours inédit de diverses "personnalités de 1er rang" (selon la définition grandiloquente du chef du gouvernement sortant) dont la politique est devenue une véritable profession depuis la révolution et qui feront partie du futur gouvernement alors qu'elles ne se sont jamais présentées à une élection…

Ensuite, il sera question pour eux, de se pencher sur quelques cas électoraux singuliers, avec entre autres : celui du candidat malheureux à deux législatives consécutives (2014 & 2019) qui va se retrouver ministre de l'éducation ainsi que celui du candidat étrillé au premier tour de l'élection présidentielle (3,5%) qui va être bombardé ministre d'Etat.

Mais lorsqu'ils ils vont découvrir que le nouveau chef du gouvernement, en personne, n'a obtenu que 11 000 voix pour une participation de 3,5 millions de votants, il y a fort à parier que les membres de la délégation vont demander, la double nationalité pour les uns, l'asile politique pour les autres…

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