Kais Saied vient de tirer la sonnette d'alarme sur la situation critique du pays, au milieu des cris d'orfraie de nos "hommes d'affaires" dont en particulier nos hôteliers, habitués à traîner la patte pour honorer leurs engagements : leurs factures d'électricité astronomiques, leurs crédits bancaires restés impayés et leurs charges sociales dont ils réclament trop souvent l'exemption en faisant valoir qu'ils offrent des emplois alors qu'ils précarisent trop souvent leurs employés via des contrats à durée déterminée pendant des années sans les titulariser.
Il faudrait que nos "hommes d'affaires" comprennent que l'Etat tunisien n'a plus les moyens de continuer à les bichonner par des lois de finances complémentaires à l'heure où les caisses sont vides.
Inutile donc de multiplier les manœuvres dilatoires et les pressions via les pages sponsorisées qui hurlent à la lutte des classes, à la diabolisation du capitalisme, pour obtenir de généreuses exonérations généralisées
N'oublions pas les crédits bancaires impayés faramineux de certains "hommes d'affaires", qui ont contribué à la dégradation de la situation financière de tout le système bancaire et cela bien avant la révolution.
Combien de fois les crédits bancaires supposés aller à la rénovation d'unités hôtelières ont-ils été détournés pour financer des villas de luxes et des dépenses somptuaires de nos insatiables hôteliers ?
Il est temps de développer une autre mentalité. L'Etat n'est pas une vache à lait et les contribuables ne vont pas continuer à payer pour des banques nationales obérées par les créances douteuses et des sociétés déficitaires plombées par la mauvaise gestion, les passe-droits, le clientélisme politicien et les emplois fictifs.
Bien sûr, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne et il y a aussi des hommes d'affaires honnêtes qui gèrent des entreprises productives et efficaces qui peuvent s'offusquer de cet amalgame dévastateur à l'heure où la pandémie du Covid-19 fragilise tous les appareils productifs et leurs circuits de distribution.
Une chose est certaine. Tout va devoir désormais changer pour plus d'éthique sociale, humaine, environnementale. Le capitalisme mondialisé ultra-libéral et décomplexé a fait son temps, la bourgeoisie compradore des concessions, des franchises et des secteurs réservés va devoir se diversifier avant de renoncer à ses privilèges.
L'avenir n'appartiendra qu'à ceux qui auront l'humilité et le réalisme de s'adapter, de se digitaliser, de s'autonomiser, d'adopter de nouvelles méthodes de production, de travail avec le développement du télétravail, de l'enseignement à distance, de s'affranchir des servitudes de la dépendance économique, de changer de mentalités, de réhabiliter les valeurs de l'hygiène et du travail. Les dinosaures qui s'acharnent dans le déni et l'égocentrisme aveugle sont-ils conscients de la menace de disparition qui plane sur eux ?
Ces mutations ne concerneront pas seulement le monde économique mais les rapports sociaux et humains. Chacun de nous devra s'adapter à une démarche d'autonomisation, aussi bien dans la cellule familiale où l'esclavage domestique sera totalement rejeté par les femmes, que dans la sphère religieuse où les gourous et les vendeurs d'illusions se verront rejetés au profit des valeurs scientifiques rationnelles, notamment médicales grâce auxquelles le monde pourra affronter les pandémies.
En espérant en sortir vivant ! De la crise et de la pandémie !