– La mise à contribution de la dimension institutionnelle est nécessaire voire vitale en temps de crise. C’est ce que soulignent les références en la matière qui remontent à ‘’l’Ecole Historique Allemande’’ qui a influencé plusieurs domaines de pensée. Partant, étant donné que l’Institution est simplement ‘’l’ensemble des règles formelles et informelles régissant la dynamique des groupes, des sociétés et des systèmes économiques’’, il et montré qu’elle est un gisement de performance et de développement économique. En effet, les nations institutionnellement développées ont les systèmes économiques relativement performants et des systèmes sociaux cohérents.
– Si certains considèrent que l’histoire de l’humanité est celle des luttes de classe (Marx), les institutionnalistes préfèrent la décrire par l’évolution des Institutions : les nations naissent et tombent à la lumière de la qualité de leurs instituions. (J. Robinson (2012) : ‘’Why the Nations Fall ?’’).
– Particulièrement en ces temps de crise sanitaire, les défis sont de taille et les enjeux risqueraient de faire reculer le pays des décennies en arrière, outre la charge psychologique que supporteraient les tunisiens et qui risquerait de perdurer dans le temps.
De fait, avec un quasi-désinvestissement dans le capital humain pour plus de 20 ans (classement mondial de nos élèves), une agriculture témoignant des mêmes problèmes structurels des années 70’s, une industrie en train d’agoniser, des services en veilleuse et un secteur de santé risquant l’insuffisance, ces défis sont surmontables en temps normal via une révision de tas de choses.
Mais en même temps, la Tunisie, est si déchirée par des conflits institutionnels, de recherche de la rente et de corruption, de positionnement politique et de comportement ‘’ de cavalier libre’’, confronte maintenant une épreuve dure. Elle risque en fait la paralysie de son appareil productif de subsistance et par suite le marasme socio-politique. Et puis, allez-chercher dans ce cas celui qui a le plus de prérogatives stipulées par Constitution, et qui en a le moins ; qui est chargé de l’exécutif. Est-ce que c’est le Chef du gouvernement ou le Président ???
– Mais, dans l’immédiat, les moyens sont limités mais pourraient suffire – selon le Ministre de de la santé– pour aplatir la courbe de contamination. A cet effet, il faudrait éviter un problème d’ordre institutionnel (au sens ci-dessus), qui pourrait se présenter comme un anneau faible du système mis en place contre le coronavirus.
Ce faible anneau s’ajoute à d’autres écueils structurels comme - semble-t-il- la corrélation inverse entre le niveau d'instruction et la discipline de confinement.
– Puisque les individus devraient agir en ‘’Institutions’’, des règles de coordination devraient être établies au préalable pour fixer les missions selon un plan d’action cohérent. Chaque décision, telle que la distribution des transferts directs, la mise en quarantaine, la distanciation, la stratégie des tests, etc., doit être préalablement simulée en retraçant la meilleure façon dont elle sera effectivement appliquée.
Dans ce cas, chacun des services des affaires sociales, de sécurité, de santé, de contrôle public etc., intervient sous le leadership d’une seule instance, une seule institution. En même temps, il faudrait mettre à la disposition du gestionnaire de la crise toutes les conditions financières, institutionnelles et logistiques.
– Ce faisant, outre la nécessité du redéploiement des fonctionnaires de l’Administration Publique pour les mettre à la disposition du gestionnaire de la crise, il s’agit aussi de libérer les initiatives de toutes les institutions pour la mobilisation complète des capacités vers le même objectif.
– Surtout en temps de crise, il n’y a pas lieu de négociation ni partage du pouvoir, ni marchandage sur le champ d’exercice de chaque institution, ni de dire que cet hôpital n’est pas sous tutelle du Ministère de la Santé, ou que cet équipement n’est pas permis de l’utiliser, ni réservé à l’équipe nationale du saut à la perche !