La culture n'a besoin ni d'un ministre ni d'un ministère, la culture est de l'ordre de l'esthétique, de l'éthique, de la morale, de la perception subjective que l'on a du monde, de soi et du rapport au monde et à l'autre.
La vraie culture s'inscrit dans une dynamique de construction-déconstruction, construction de soi et déconstruction des mythes, des lieux communs, des préjugés, de toutes les bulles : familiale, sociale, identitaire, idéologique....
Si la culture devient un outil de propagande, elle n'en n'est plus une, si c'est un instrument de discrimination, elle n'en est plus une, si c'est du fétichisme, elle n'en est plus une, si c'est pour la promotion de sa petite personne, par vanité ou par nombrilisme, c'est un péché d'orgueil....
Pour revenir au ministre, et peu importe qu'elle soit femme ou homme, elle n'a pas compris le message : ce que nous refusons c'est sa culture de pacotille, ce que nous n'admettons pas c'est que des lobbies mafieux s'emparent du fait culturel pour imposer la vision mercantile qu'ils ont de la culture elle-même et pour dicter leurs valeurs édulcorées à la société.
Ce que nous critiquons, c'est l'arrogance imbécile des saltimbanques et bouffons d'une camelote culturelle infecte et indigeste....
On croyait, naïfs que nous sommes, qu’une culture nouvelle, radieuse, audacieuse, intelligente, consistante, émancipatrice allait voir le jour après la chute de la dictature voyou et mafieuse estampillée « novembriste ».
On se disait que tous les agents et collaborateurs de cette abjection intellectuelle que fut Ben Ali, tous les thuriféraires de ce système analphabète, vulgaire, grossier, goujat et délinquant allaient être poursuivis par quelque juge implacable et sourcilleux, convaincu que les délits intellectuels commis par cette engeance de malfrat étaient du même acabit que les délits économiques et financiers commis par ce régime kleptocrate !
Or, comble de l’indignité, toutes ces monstruosités héritées de l’ancien régime, après une brève éclipse, se rebiffèrent et reprirent du poil de la bête, aidées en cela par une sorte d’indulgence ou d’apathie coupable de tous ceux qui se succédèrent au pouvoir après le 14 Janvier 2011.
On renoua rapidement avec le kitch, l’insignifiant, le folklorique, le vulgaire, le pervers, le rire gras et imbécile, le divertissement débile, l’abrutissement vil et mesquin, le sous-entendu obscène et malsain…Ceux qui avaient ravagé la culture en Tunisie, qui l’avait réduite à une caricature ignoble et farcesque, continuaient leurs sales besognes avec un surcroit de cynisme, de ce cynisme écœurant dont sont capables les médiocres et les larbins !
Quand les incultes sont aux commandes, tous les désastres sont envisageables !
Dans une Tunisie plutôt déprimée, la plupart des médias nous orientent à la surface des choses, là où la foire aux vanités bat son plein : un poison en guise de remède. Bien peu soucieux de leurs intérêts les médias qui n’iraient pas dans le sens de ce que demande le peuple : du sensationnel, des jeux, des distractions, toujours tirant vers le bas et c’est bien là que le bât blesse.
Qui doit-on blâmer ??? Ceux qui profitent de l’imbécillité commune et la consolident sournoisement par une programmation agissant davantage sur l’instinct que sur l’intellect, ou bien ces esprits anesthésiés, ces consciences endormies soumises au diktat d’une sous-culture maligne, périlleuse et probablement nocive au point d’étouffer toute forme d’intelligence, tout libre-arbitre, tout sens critique !
A qui profite, globalement, l’art de distraire et de désinformer ? C’est à chaque consommateur de se poser la question et de prendre conscience de la valeur du temps qu’on lui fait perdre à des futilités.
Sous nos cieux moroses, traumatisés par une jachère intellectuelle éprouvante pour les nerfs, l’esprit vogue au gré de la misère culturelle ambiante, vécue comme une fatalité, distillée par une médiocrité désœuvrée, oisive, farouchement commère et atrocement maligne.
Une espèce de chape de plomb qui frustre les audacieux et les oblige à ravaler leur ressentiment de crainte d’être accusés d’élitisme snobinard et morveux à défaut de sombrer comme les autres dans un populisme braillard et insolent, décapant dans sa futilité, dans sa puérilité héritée des années de vaches maigres.
Ce suicide de l’intelligence, de la créativité, du goût artistique, de l’innovation a été planifié par une engeance inculte et illettrée qui a sacrifié sur l’autel de son ignorance trois générations de tunisiens.
Ce délit comme tant d’autres est resté impuni, or, parmi tous les délits commis par le benalisme, celui-ci ne peut être pardonné…il est impardonnable !