Je voudrais juste rappeler que la pandémie a surgi à un moment où des mouvements sociaux sévissaient dans nombre de pays arabes. Elle aurait ainsi rendu service à quelques gouvernements en leur permettant d’éviter la confrontation directe avec une nouvelle génération de protestataires s'étant vue passer outre la Démocratie et la Liberté ainsi que le Développement et le Progrès social.
Au Liban, comme en Irak, comme d’ailleurs en Egypte, au Soudan et en Algérie,d es manifestations populaires très intenses, et peut-être les plus intenses des 30 dernières années ont eu lieu, comme si elles disaient: '' ce ne serait que partie remise''.
La Tunisie, n’en a pas fait exception. La veille de la pandémie, une fragilité des institutions politiques et constitutionnelles, et des polémiques autour de la légitimité du gouvernement ont marqué le paysage politique.
Je pense que les résultats des élections législatives et présentielles reflétaient au moins partiellement cette deuxième vague de protestations des révoltes arabes, exprimant in fine un retrait de la confiance des Élites Politiques standards.
C’est dans ce cadre qu’aux termes de la crise, le pays se trouverait à court de supports financiers, un taux de chômage avoisinant les 20%, et certainement au-delà de 40% pour les jeunes entre 15 et 35 ans, des tensions inflationnistes, des disparités sociales très probablement plus prononcées et des réformes qui tarderaient à être implémentées, au vu du programme à caractère sommaire du gouvernement actuel et les frictions politiques dont quelques voix ont déjà commencé à prôner le changement de régime.
En fait, au fur et à mesure du déconfinement, les pressions contestataires monteraient.
Ce qui susciterait mon inquiétude est la gestion de la sortie de la crise, si les événements n’allaient pas se précipiter avant que les autorités ne prennent les dispositions nécessaires.
Je crois aussi que le discours politique devrait être plus fédérateur, les parties prenantes économiques devraient être plus impliquées dans la gestion de la crise, et les réflexions stratégiques devraient s’intensifier, si elles n’avaient pas été, comme préalablement signalé, entamées dès les premiers jours de la pandémie.