Je crois qu’il y a un élément essentiel, souvent omis, dans la détermination de la conscience collective quand il s’agit de l’interprétation de la réalité actuelle. Certes, l’interprétation pertinente requiert toutes les informations nécessaires, actuelles et passées, car le présent est une synthèse du cumul du passé.
A défaut, la compréhension de ‘’l’Actuel’’ serait incomplète, voire erronée. Et puisque le coût de l’information est souvent élevé, la source de proximité, indépendamment de sa qualité, en devient souvent la référence.
C’est ainsi que les électeurs s’orientent vers le candidat le moins critiqué ou le mieux promu, et c’est ainsi que les médias façonnent la manière dont l’individu interprète son vécu. La déception post-électorale indique que c’était le plus mauvais des candidats qui a été sélectionné. Et pour cause, l’indisponibilité de l’information et l’interprétation erronée, faite par les électeurs, qui en découle.
Cependant, ce problème ne se limite pas aux jeux du vote. Il s’étend au vécu quotidien du citoyen Lambda qui a toujours besoin de repère fixes, dont la fiabilité dépend aussi de celle des informations. C’est pour cela que ceux dans l'orbite du pouvoir font toujours en sorte que ces ‘’repères fixes d’interprétation’’, si manipulés soient-ils- soient renforcés et orientés vers des objectifs politiques et surtout idéologiques, à travers les médias, les programmes d’enseignement et les campagnes de diabolisation ou d’éloge.
Ainsi, outre la lecture réductrice de la laïcité, de la modernité et du progressisme, la condamnation de la dénégation de l’holocauste en France et du wahhabisme ou sa défense, la condamnation des frères musulmans ou leur défense, la condamnation des sunnites chez certains chiites et vice-versa, etc. autant de questions sont déjà tranchées presque collectivement, sans qu’un petit texte, pour ne pas dire ouvrage, sur la laïcité, l’histoire de l’holocauste, ou la modernité, le wahhabisme, soit lue !
Au mieux, certains se basent sur les interprétations d'autrui ou du texte de seconde main. Ce qui est marquant, est qu’une part de l’Elite intellectuelle fait le départ de ces ‘’repères fixes’’ installés par les dictateurs et/ou l’Elite politique à un certain moment révolu de l’histoire, pour interpréter le vécu actuel.