1. Brièvement, l’idéologie n’est pas l’ensemble des idées et croyances seulement, mais aussi celles-ci lorsqu’elles ne sont pas nécessairement scientifiques et n’émanent pas de la rationalité au sens de Hegel. Dans la société, l’Idéologie prend le sens du ‘’contenu de l’aliénation sociale’’ qui se traduit par l’attachement inconditionnel à une ‘’feuille de route figée’’, entachée de conventions révolues, ou de positions cadenassant la volonté de l’individu à exploiter l’espace libre de sa pensée dans le présent.
Plus précisent, c'est une perte de la substance de l’individu en faveur de cette feuille de route préétablie. C’est pour cela que la Science en évoluant gagne du terrain sur l’idéologie et renforce la volonté des individus à soumettre la réalité à leurs conditions, et non le contraire.
La littérature de la transition montre que l’Idéologie est parmi les contraintes majeures entravant le processus de démocratisation et risque son renversement. Sans pertes de généralités, les exemples suivants illustrent l’effet de l’Idéologie.
2. L’idéologie ou l’aliénation sociale prend différentes formes selon la nature de la société et le degré de conscience collective qui la caractérise. Ainsi, l’Eglise, en connivence avec la classe des Seigneurs pendant l’ère médiévale, centralisait le surplus social en extrayant la rente de la classe des serfs en contrepartie seulement de sa ‘’bénédiction’’, monopolisait la connaissance en ayant la main mise sur l’éducation et en condamnant tous ceux qui ne reproduisent pas ses ‘’croyances sacrées’’ ou la ‘’science officielle’’, comme Galilée.
De même, Hitler sommait les scientifiques allemands de montrer la suprématie du crâne aryen, …
3. Souvent l’idéologie prend une seule dimension de la nature humaine pour en faire les explications de tout phénomène social, si complexe soit-il. Ainsi, l’explication de l’histoire seulement par les luttes de classes, ou par les impulsions instinctives ou même fétichistes, par la conspiration ou la victimisation et l'injustice … menant à l’attachement divin à des Leaders de guerre ou de mouvements de décolonisation ou de coup d’Etat, et des théories élaborées dans des circonstances anciennes et qui s’élèvent à hauteur de la croyances irréversibles… se trouvent toutes dans l’arrière-plan des luttes politiques annoncées sous plusieurs enseignes, comme la lutte contre l’inconscience de la population, la démocratie, les droits de l’Homme, l’intérêt du pays,… D’ailleurs ces mêmes enseignes n’ont jamais manqué du discours officiel de la dictature.
4. Le malheur est que ce biais idéologique, poussant à dénigrer et nier l’autre en le prenant pour l’ennemi éternel, dans ce qui est considéré ''Nidhal'' dans la sphère publique n’est pas exclusif aux courants politiques, mais s’étend aussi aux non-politiciens qui se prennent pour des intellectuels qui risquent d'induire les jeunes générations en erreur historique et les attirer à leurs gouffres idéologiques.
Comme par exemple certains points de vue Marxisants identifiant maladroitement ceux qui entravent le ''sens ascendant de l'histoire'' sans maîtriser ''la spirale méthodique ascendante de Marx'', ou des Nationalistes et Islamiques gauches, distinguant par ''décret'' les révolutionnaires et les réactionnaires, et les mécréants et les bons croyants, mais aussi ceux qui se cachent derrière l’enseigne‘ ’Bourguiba’’ pour poursuivre une fausse lutte qu’il n’a pas initiée.
5. L’attachement aveugle à une idéologie est d’abord une soumission ne permettant pas de se libérer avec soi-même, et de libérer la volonté de l'individu d’idées figées. C’est aussi une manière de rater une opportunité historique de bâtir une société libre d’esprit, courageuse et consciente de son vécu. La transition, et ses prérogatives deviennent dès lors reléguées au second plan.