Les paris sont ouverts autour du départ du Chef du gouvernement…

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Les paris sont donc ouverts autour du départ du Chef du gouvernement. Il est clair que si se confirmait l'utilisation de sa position à la tête du gouvernement pour conférer un avantage à l'entreprise dans laquelle il détient des parts, cela marquerait un cas de rupture de confiance que seule une démission pourrait empêcher de se transformer en crise politique majeure…

La rupture de confiance, il faut cependant le souligner, ne surviendra pas parce que le Chef du gouvernement aura été en contradiction avec la loi. D'autant que l'application de la loi en question reste un fait nouveau. Elle surviendra parce qu'il deviendra évident aux yeux de tous qu'il y a eu assujettissement de l'intérêt général à l'intérêt particulier.

C'est cette distorsion qui n'est pas acceptée et qui ne doit pas l'être. Mais tout manquement aux dispositions de la loi ne signifie pas forcément que nous sommes dans ce cas de figure, même si certains esprits pressés voudraient nous convaincre du contraire. Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que le manquement en question soit quelque chose d'anodin, ni qu'il dispense de certaines mesures de correction.

On notera aussi que la distorsion dont nous parlons, qui justifie et qui rend même inévitable la rupture de confiance entre le peuple et le gouvernement, est une distorsion dont la possibilité n'est pas conditionnée par l'existence d'intérêts à caractère financier. Ce n'est pas parce que le responsable politique ou le haut fonctionnaire n'est pas un homme d'affaires qu'il ne trouvera pas l'occasion d'user de son influence pour faire prévaloir son intérêt particulier au détriment de l'intérêt général.

Il y a un préjugé à revoir, qu'une certaine culture de gauche véhicule avec une belle persévérance, qui est que l'honnêteté d'un responsable de l'Etat est proportionnelle à la distance qu'il a prise par rapport au monde du capital. C'est une simplification excessive, dont notre histoire devrait nous avoir convaincu de la faiblesse.

Et pourtant, il semble que nous en héritions quand nous croyons que de la même manière qu'un homme politique est honnête du seul fait que ce n'est pas un homme d'affaires, il est potentiellement corrompu du seul fait qu'il a des liens avec le monde des affaires. Et que, pourrait-on dire, plus ces liens sont importants, plus ténue devient la frontière entre le potentiel et le réel... jusqu'à disparaître tout à fait.

Cette croyance est tributaire d'une conception de l'initiative économique qui est désuète : tout ce qu'on entreprend n'est pas motivé par une recherche d'enrichissement personnel. C'est en tout cas ce qu'on attend désormais de l'engagement économique : qu'il soit aussi une forme de militantisme au service du bien commun.

Que nous ayons une certaine difficulté à accepter cela en le mettant facilement sur le compte d'une naïveté politique est une chose. Que nous fassions de cette difficulté un argument qui donne raison contre autrui relève en revanche d'une forme de malhonnêteté, intellectuelle celle-là.

Plus les intérêts financiers sont grands chez l'homme politique, plus l'obligation se fait insistante en ce qui le concerne que, non seulement il ne leur accorde aucune espèce de priorité dans ses décisions - en respectant ainsi les prescriptions de la loi -, mais que, de plus, il les fasse au contraire servir au bien commun - en renversant de la sorte les conceptions communes relatives au capital et à ses vocations.

C'est sur ce terrain en tout cas que, pour notre part, nous l'attendons !

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