Imaginez…

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Imaginez que le l’UGTT maintienne ses choix, les partis politiques ne se croiseront pas les bras face à la marginalisation qu’ils ont subie de la part de la Présidence, et que cette dernière continue sa ligne de ciblage d’objectifs jusqu’alors non-annoncés, mais certainement générateurs de dégâts.

Imaginez que le gouvernement proposé ne passe pas à l’ARP et que Kaïs Saied écarte le parlement et continue de gérer le pays avec l’actuel gouvernement sortant de Fakhfakh jusqu’à la fin de son mandat.

Imaginez, au contraire, que le gouvernement passe à l’ARP, que la cour constitutionnelle soit bloquée par Kaïs Saied ainsi que l’amendement de la loi électorale, et puis qu’une motion de censure soit présentée dans quelques mois contre le gouvernement. …. Il est évident que tout le monde sera perdant.

Le pays risque gros, vu que les choix sont désormais faits entre le mal et le pire :

(1) La situation actuelle est compliquée et a priori insurmontable ;

(2) La méthode controversée pour former le gouvernement, caractérisée essentiellement par un défaut d’inclusion nécessaire à une transition lisse et à moindre coûts ;

(3) La tendance très probable à une accentuation des conflits ne concernant nullement les tunisiens en ce moment critique ; des conflits articulés autour de la nature du régime politique et du statut de l’organisation de la vie politique en ‘’Partis’’ Vs. ‘’Individus’’.

A ma modeste connaissance, aucun pays dans le monde n’a réussi sa transition démocratique sans performance économique. Aucun pays dans le monde n’a surmonté ses problèmes économiques structurels sans cohésion sociale. Aucun pays dans le monde n’a établi sa cohésion sociale sans cohésion institutionnelle.

La Tunisie a souffert depuis une dizaine d’années du problème d’identification des vrais défis et/ou du terrain de l’action et les conflits : Alors que l’économie était le lendemain de 2011 fragilisée, exigeant une cohésion institutionnelle, certaines voix dissonantes réclamaient très maladroitement l’indépendance de la BCT qui était déjà indépendante depuis des années.

Alors que la guerre contre le terrorisme exigeait l’unité nationale, le débat des intervenants dans la sphère publique était focalisé sur la recherche du criminel et sur les accusations mutuelles. A un certain moment le clivage était entre “une Tunisie démocratique” Vs. “Autocratique”, il y avait ceux qui l’avaient placé dans le terrain “Laïc” Vs “Conservateur”.

Plus récemment, alors que le pays est menacé à la fois de populisme, de corruption et de crise économique et sociale inédite, l’on se permet le luxe de mal poser un faux problème dans ce moment mal choisi et d’envisager un ‘’paysage politique’’ artificiel basé sur des ‘’Individus’’ et non des ‘’Partis Politiques’’.

Outre le fait que ceci n’est envisageable théoriquement et historiquement que dans les sociétés prémodernes et tribales ou sous des régimes autocratiques, le risque de ce conflit est qu’il s’effectue par les outils et les institutions de l’Etat, généralement ciblé par les ‘’Anarchistes’’, bien connus dans l’histoire moderne européenne. L’unique point d’optimisme est qu’ils n’ont pas perduré dans le temps autant ceux de couleur idéologique de gauche que ceux de l’extrême droite.

Aucun économiste, si chevronné soit-il, ne peut envisager des solutions viables dans ce contexte actuel de tiraillements mettant à plat les institutions de l’Etat. Aucune marge de manouvre ne sera possible au gouvernement désigné si ce n’est des mesures ne dépassant l’étendue simpliste, donc faux :

(1) des problèmes des finances publiques et la recherche des fonds,

(2) des retombées économiques immédiates de la crise du Covid, et

(3) de quelques titres sommaires portant création d’emploi et équilibres régionaux, qui ne se réaliseront pas au vu de la qualité du discours annoncé et le profil majoritairement inadéquat des ministres désignés.

Dans ce contexte tunisien contraignant, il ne faudrait pas se leurrer car l’Economie Politique des Réformes renseigne que la résistance aux réformes serait actuellement à son apogée, c’est-à-dire, ni réforme structurelle de l’enseignement, ni des services publics, ni de l’industrie ne seront possible à envisager, car ces dernières requirent une cohésion entre parties prenantes, outre le savoir-faire au sommet du pouvoir qui semble ces dernières années devenir une denrée rare.

J'espère que mes propos ne dépassent l'expression de mon état d’âme.

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