Quelles leçons tirer du référendum sur la constitution, en particulier les chiffres officiels de 23,7% de participation et de 60% de oui ? En général, les régimes autoritaires reposent sur l'idée que le corps électoral leur est fidèle à travers les chiffres de 90% de participation et 95% de oui qui sont annoncés à la télévision.
La caractéristique du régime autoritaire est qu'il s'approprie le corps électoral. Il le fait parler comme il veut avec le bourrage des urnes. Il empêche aussi toute voix dissonante en arrêtant les opposants. Le régime autoritaire estime que l'opposition n'existe pas, si ce n'est une minorité de gens aigris et hostiles à leur peuple.
Cette fois-ci, le régime algérien annonce une participation de 23,7% avec 60% de oui à la constitution. Cela signifie que le régime reconnaît que sa base électorale ne pèse que 14,3% des votants et que 85,7% du corps électoral ne soutiennent pas le régime.
Est-ce une incohérence due à l'absence de synchronisation des différents centres de décision ? Est-ce l'expression de divergences dans le champ du pouvoir réel ? Y-a-t-il dans l'armée un courant qui reconnaît désormais que la majorité des Algériens sont défavorables au régime ? Quelles conséquences en tirer ?
Le Hirak finira par donner naissance à un régime que veulent les 85,7% des électeurs potentiels. Cela ne veut pas dire que ces 85,7% voteront pour un seul parti. Ces 85,7% veulent voter librement pour différents partis dans le cadre de l'alternance électorale qui seule permettra l'émergence d'une élite représentative de la population. Le Hirak veut mettre fin au caractère artificiel des élites cooptées à travers des élections truquées.