Tunisie : un orchestre sans chef !

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À ce niveau de basse intensité presque nulle d’idées, l’ action gouvernementale manque de toute politique, mais surtout d’une politique économique, puisqu’elle ne répond pas à la cohérence minimale des idées et des fins que, nécessairement, une politique requiert, sauf si on présume qu’on poursuit comme objectif la faillite ou la banqueroute, ce qui n’est pas bon, parce que n’est pas recommandable la présomption de dol.

Ce phénomène d’incohérence poussée à l’extrême, nous pouvons le comprendre seulement si nous nous rendons aussi compte que, en définissant le gouvernement actuel comme un représentant national du capitalisme financier le plus impitoyable, nous faisons abstraction qu’il ne s’agit pas d’un front uni, mais d’un ensemble de différents intérêts sectoriels qui forment seulement une coalition conjoncturellement pour déplacer la politique et transférer toute richesse.

Selon les différents intérêts qui les ont amenés à se rassembler, chacun continue à tirer pour soi et passe facture au gouvernement pour sa participation dans son entreprise de prise de pouvoir et de ne pas lui enlever le soutien que celui-ci a religieusement payé et, pour finir, le résultat est le chaos dans lequel la société est plongée.

Il ne s’agit pas d’une situation qui peut par métaphore se caractériser comme l’image d’un orchestre sans chef, mais on doit plutôt imaginer le bruit infernal d’un orchestre dans lequel chaque musicien exécute une partition différente, en choisissant dans le répertoire celle qui l’intéresse le plus.

Le gouvernement Chahed ainsi que celui de son prédécesseur Essid , dont on ignore jusqu’à aujourd’hui les vrais motifs de son éviction inélégante, sont incapables de cohérence politique compte tenu de la disparité d’intérêts qui l’ont porté au pouvoir et qui maintenant le mettent en échec avec leurs exigences incompatibles.

Cela explique qu’il n’y ait aucune question idéologique au moment d’évaluer cette triste réalité présente, parce que même en nous plaçant idéologiquement dans une position complètement différente avec le dit « néolibéralisme » économique, nous devons reconnaître que, d’accepter ses prémisses, amène à des conséquences au moins cohérentes avec celles-ci.

Mais notre réalité n’a rien à voir même avec Adam Smith, qui s’il était en vie, le pauvre écossais serait épouvanté en voyant qu’on utilise son nom pour expliquer le chaos des intérêts sectoriels satisfaits sans aucune organisation.

L’incohérence n’admet pas d’explication idéologique et alors on ne peut s’expliquer par « orthodoxies » ni par « hétérodoxies », mais seulement par la crise d’intérêts opposés et incontrôlés.

Il n’est pas nécessaire d’être économiste, de théoriser sur les cycles économiques, de faire des calculs actuariels et de parler le dialecte propre aux techniciens, pour se rendre compte que, de toutes façons, celui qui s’endette et, en même temps, renonce à son travail rémunéré et aux autres revenus qu’il obtient en fait cadeau, c’est un anormal, un irresponsable ou un prodigue qui tombera, irrémissiblement, en cessation de paiements et ensuite en faillite ou redressement judiciaire.

Dans ces circonstances, les idéologies et la politique ne peuvent que causer de la panique et le rejet du gouvernement parce que sur le terrain de ces discussions serait découvert le scandale de son manque d’idées pour les harmoniser en idéologies et, pour finir son incapacité à rédiger des formules politiques.

Dans la discussion idéologique qui fournit une base cohérente aux politiques, il est clair que ne manquent pas certaines idéologies irrationnelles, mais l’évaluation de la rationalité correspond à la critique des idéologies, à savoir, à la discussion idéologique, qui est propre à la démocratie et indispensable pour elle.

Les idéologies, comprises comme systèmes d’idées avec un certain degré de cohérence pour s’approcher de la compréhension de la réalité, doivent être discutées dans toute démocratie, mais ce postulat ne peut pas être partagé par ceux qui prennent des mesures sans cohérence idéologique et, du coup, manquent de politique, puisque l’ensemble des rétributions ne mérite pas ce nom à l’appui d’intérêts différents.

Ce gouvernement, depuis ses premières actions – et au risque de déglinguer l’économie nationale – ne cesse de transférer la richesse vers les plus riches, cela semble clairement cohérent.

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