L'ampleur de l'attaque engagée hier matin par le Hamas est le résultat de deux facteurs. Premier facteur : l'audace, la capacité d'organisation et la résilience de l'organisation palestinienne. Nul doute que le Hamas, non seulement a appris de ses échecs passés, mais a su se hisser à un niveau supérieur en termes d'actions tactiques.
Quand on songe à la différence de moyens qui existe entre la branche armée du Hamas d'un côté et Israël de l'autre, on ne peut s'empêcher de saluer un certain héroïsme. Et c'est d'ailleurs ce sur quoi comptent les dirigeants de cette organisation palestinienne pour capter les sympathies et pour s'attirer d'actives allégeances au sein du monde arabe et musulman, voire au-delà. L'héroïsme, c'est un élément "magnétique".
Mais quel qu'ait pu être le mérite du Hamas à ce niveau, il n'aurait pu atteindre les objectifs qu'il a réalisés sans une forme de complicité. Ce qui nous amène au second facteur. Cette complicité, c'est celle de la défaillance de l'armée d'Israël et de son système de renseignements.
Tous les comptes rendus qui nous ont été livrés par les télévisions en ce qui concerne les opérations font état d'une impréparation flagrante de l'armée israélienne. L'effet de surprise a été total et le temps de réaction particulièrement long. Les observateurs avertis qui suivent le dossier du Moyen-Orient et de ses conflits ont été unanimes à relever cet élément pour s'en étonner. Qu'est-ce qui a pu amener une armée connue pour son extrême vigilance à se laisser surprendre d'une façon si ridicule, se demandent-ils ?
On peut suggérer des réponses. Comme l'excès de confiance. Les postures dominatrices ont presque toujours pour conséquence de pousser ceux qui les adoptent à se laisser croire qu'ils sont invulnérables. D'où une démobilisation.
Par ailleurs, et plus concrètement, l'actuel gouvernement israélien a fait des choix tellement controversés et anti-démocratiques que la tension qu'il a suscitée s'est déplacée au sein même de l'échiquier politique israélien. La contestation des formations de gauche a eu tendance à attirer vers l'intérieur une bonne partie de l'activité de maintien de l'ordre, au détriment de l'activité qui était consacrée à la surveillance des dangers pouvant surgir des frontières... Ce point est important parce qu'il montre comment l'injustice affaiblit celui qui l'érige en politique : elle suscite contre lui des ennemis parmi ses amis et finit par l'isoler…
Aujourd'hui, après l'attaque meurtrière du Hamas, le Premier ministre Netanyahou a appelé les Israéliens à l'union sacrée : nous verrons quelle solidité va montrer cette union sacrée qui s'inscrit sur fond d'une politique d'Apartheid décomplexé.
Bref, il y a dans l'impréparation d'Israël à ce qui est arrivé des raisons conjoncturelles et d'autres désormais durables et structurelles : une fragilité de l'intérieur d'autant plus grande qu'elle risque d'être aggravée par ceux qui voudraient la réduire.