Quand les armes parlent, des âmes partent. Sans retour. Nos protestations sont impuissantes à changer cet ordre tragique des choses. Quel choix nous est laissé : nous noyer inutilement dans le dépit et la rage de voir des innocents emportés dans la mort ou tenter de conjurer le mal pour l'avenir en essayant, modestement, d'apporter une contribution à un dénouement possible, à la conception d'une solution grâce à laquelle l'absurdité de la guerre serait un jour vaincue ?
Dans le pire des cas, la seconde option nous aura préservé un tant soit peu des ravages que fait sur notre psychisme l'amertume quand elle est accompagnée d'une incapacité à peser de la moindre façon sur le cours des événements.
En outre, elle nous permet de garder un esprit plus alerte et plus lucide. Il ne s'agit donc pas de s'abriter d'un spectacle du mal qui nous effarouche, mais au contraire de le considérer dans toute sa funeste perversité pour mieux apercevoir les voies permettant d'y échapper.
Quand on considère la question palestinienne, il semble que les solutions possibles soient au nombre de trois. Essayons de les présenter brièvement en attendant de les examiner plus tard, une à une.
La première solution serait une solution qu'on pourrait appeler "à l'américaine" et qui est précisément celle que tente de mettre en œuvre l'Etat israélien : élargir son autorité sur l'ensemble du territoire de la Palestine et intégrer la population arabe palestinienne en jouant sur l'émulation des communautés. C'est une solution à un seul Etat, où la composante arabe aurait sa place mais aurait à lutter pour arracher ses droits, à la façon dont les noirs américains ont eu à le faire à travers le combat pour les "civil rights".
La seconde solution serait celle des deux Etats. Elle suppose que soit acceptées de part et d'autre, et de façon unanime, les frontières établies entre ce qui constitue aujourd'hui le territoire israélien d'un côté, les territoires palestiniens de l'autre. C'est la solution qui se veut la plus conforme à une logique juridique.
La troisième solution est celle dont on peut penser qu'elle a les faveurs d'un acteur comme le Hamas : rendre la vie impossible aux Juifs israéliens de manière à provoquer dans leurs rangs un mouvement de départs massifs. De sorte qu'à la faveur du vide créé, une reprise de la Palestine par un pouvoir arabe serait possible et ouvrirait la voie à une administration dans laquelle, comme à l'époque ottomane, une autorité musulmane reprendrait la main sur la gestion des lieux saints et organiserait elle-même la cohabitation des différentes communautés... Car la présence de ces communautés serait naturellement tolérée.
Cette solution est celle qui permettrait aux Palestiniens de retrouver dans leur intégralité les terres dont ils ont été chassés autrefois et, finalement, de rétablir le statut quo ante…