Les rebelles profitent de la faiblesse d’Assad et attaquent Alep

Les forces sous la bannière de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), partant de leur territoire dans la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, ont percé l’armée de Bachar al-Assad et pénétré Alep.

HTS est dérivé de la branche syrienne d’Al-Qaïda. Al-Qaïda a été chassé de Syrie par des factions dissidentes plus radicales au début de la guerre civile. HTS a évolué une fois que le conflit était bien engagé. Lorsque la fumée s’est dissipée, HTS a gardé le contrôle d’Idlib, qu’il a transformée en une mini-république islamique sous protection turque. C’était un bon choix pour Idlib, qui avait été une source de résistance militante au gouvernement Assad au tout début de la guerre civile.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, les combattants du HTS ont atteint le centre d'Alep et se sont emparés d'une ville qui commande l'autoroute M5, une route clé dont les forces d'Assad auraient besoin pour atteindre la ville et tenter d'extirper les militants du HTS de l'intérieur. Assad n'avait repris Alep aux insurgés qu'au cours d'une bataille à l'été 2016, avec l'aide du Hezbollah libanais.

Le rôle de la Turquie dans cette offensive est obscur. Selon les médias, les assaillants ne sont pas seulement des formations du HTS, mais aussi des milices sunnites qui ont été mobilisées et équipées par la Turquie ces dernières années. Cela suggère que la campagne du HTS pourrait être une stratégie turque pour compliquer l'accès déjà ténu d'Assad au territoire syrien et établir un contrôle turc de facto sur une grande partie de la Syrie et sur l'une de ses plus grandes villes. Dans ce scénario, la gestion des deux millions d'habitants de la région pourrait être laissée au HTS, tandis que la Turquie en tirerait un avantage stratégique douteux.

Pour Assad, c’est presque l’équivalent du 7 octobre pour Israël. Mais il n’a aucun des avantages dont Israël a bénéficié en stabilisant la situation après l’attaque, en passant à l’offensive et en pulvérisant le Hamas. Bien qu’il y ait des rumeurs de frappes aériennes russes contre HTS, le fait est que les Russes sont à bout de souffle par leur guerre contre l’Ukraine et auront du mal à sauver leur homme à Damas. Et il n’y aura aucune aide de la part de l’Iran ou du Hezbollah libanais. Téhéran n’en a pas les moyens et tout ce qu’il peut rassembler sera très rapidement dans le viseur d’Israël. Et le Hezbollah est sous le choc de la récente offensive d’Israël et n’a pas pu mobiliser les combattants nécessaires pour faire sortir HTS d’Alep, et encore moins atteindre Alep sur le terrain.

En regardant autour du périmètre extérieur de la Syrie, il est difficile de voir l’Arabie saoudite intervenir militairement au nom d’Assad. Avec la Turquie qui fait pression du Nord, Israël de l’Ouest et l’absence de pressions compensatoires de l’Est ou du Sud, Assad pourrait voir son mini-État se rétrécir rapidement.

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