49 morts ne suffisent pas à David Pujadas et à LCI

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Quelques heures après les attentats islamophobes de Nouvelle-Zélande, LCI invite Robert Ménard, relai des mensonges racistes du Grand Remplacement qui inspirent les terroristes de Christchurch. Une irresponsabilité criminelle qu'il faut combattre, par exemple en interpellant les annonceurs.

Les terroristes islamophobes qui ont planifié les attentats meurtriers de Christchurch se réclament directement de Renaud Camus et de sa théorie du Grand Remplacement. Robert Ménard en est un relai direct. A la rentrée des classes 2016, il indiquait par exemple que les listes d'élèves dans les écoles étaient « la preuve la plus éclatante du grand remplacement en cours ».

Politologues, démographes, économistes, sociologues ont apporté la preuve que le Grand Remplacement était un mensonge. Cela n'empêche pas LCI et David Pujadas d'inviter encore et encore Robert Ménard. Le 14 septembre dernier, où la question posée par David Pujadas était digne du manifeste des terroristes : « La crise migratoire aura-t-elle raison de l'Europe ? ». Le 9 novembre dernier. Le 23 novembre dernier. Le 7 décembre dernier.

Ce matin, alors qu'on ne connaissait pas encore le nombre de victimes, LCI donnait la parole à un récidiviste du mensonge xénophobe et islamophobe, Philippe de Villiers, adepte lui aussi des thèses de Renaud Camus. A midi, la chaîne reparlait encore du burkini, appuyant encore et encore les thèses islamophobes répandues en France, comme si de rien n'était après les attentats de Nouvelle-Zélande. Et ce soir David Pujadas donne la parole à un politique dont les idées ont inspiré les attaques meurtrières de cette nuit.

A chacun de ces moments, Robert Ménard a pu lancer ses appels. A chaque fois, LCI a banalisé cette parole, normalisé le racisme, validé les thèses.

Combien de morts faut-il en plus à David Pujadas pour se remettre en cause ?

Le racisme français, les thèses racistes françaises, banalisées depuis des décennies par des journalistes comme Pujadas, sont au cœur des motivations des terroristes. Et l'urgence pour LCI est de les banaliser encore plus ? De donner encore plus la parole à celles et ceux qui les propagent ?

Liberté d'expression, oseront-ils répondre ? Mais propager des mensonges, démontés par les chercheur-ses les plus divers-es et les plus sérieux-ses, au nom de la liberté d'expression, c'est avilir celle-ci. Pujadas inviterait-il si fréquemment un énergumène défendant l'idée que la terre est plate ? Le Grand Remplacement, au-delà du racisme, est du même niveau factuel que le platisme ou le créationnisme. Comment mêler la liberté d'expression à ça ?

Et où est la liberté d'expression pour les femmes portant le voile à qui la chaîne n'accorde jamais la parole ? Pour les militantEs contre l'islamophobie – comme le CCIF qui rend son rapport aujourd'hui, comme le collectif « Nta Rajel ? » qui publie ce jour une tribune à l'occasion de l'anniversaire de la loi du 15 mars 2004 interdisant le voile à l'école ? Quand la liberté d'expression ne justifie que la parole des racistes, il ne s'agit plus de liberté d'expression, mais bien de complicité.

Au moins 49 personnes sont mortes, tuées cette nuit pour des idées racistes françaises1. LCI et David Pujadas ont largement fait la publicité pour ces idées. Ils continuent de le faire, peu de temps après les attentats. C'est d'une irresponsabilité criminelle. Et puisque 49 morts ne sont pas suffisants pour que la chaîne mesure ses responsabilités, il est temps de passer à une mobilisation collective, par exemple sur les annonceurs, pour qu'elle le fasse.


Note

1La causalité directe des attentats ne doit pas faire oublier que la théorie du Grand Remplacement tue par milliers : elle nourrit les politiques migratoires de , dans des geôles et des lieux de torture libyenne, nourrit les fantasmes génocidaires des identitaires européens, etc.

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