Tunisie : L’urgence d’un plan de sauvetage économique

En dépit des déclarations faisant état ou annonçant une amélioration de la situation économique en Tunisie, les chiffres et indicateurs économiques semblent s’obstiner dans leur refus d'obtempérer à l’enthousiasme débordant des exaltés de la politique.

Ainsi, après le taux de croissance anémique de 0,4 % annoncé par l’INS pour l’exercice 2023, l’agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) annonce que le tissu industriel tunisien comptait à la fin de l’année 2023, 4702 entreprises opérant dans le secteur industriel contre 4774 unités un an auparavant et 5333 avant la pandémie du Covid.

Ainsi l’industrie tunisienne se serait appauvrie en un an de près de 72 sites industriels, une perte qui ressort à 617 entreprises en cinq ans et à près de 1054 sites industriels depuis 2011.

Cette recrudescence des fermetures d’entreprises et de destruction d’emplois associée à une combinaison rare dans le monde de shrink stagflation associant à la stagnation sinon une récession économique, une inflation doublée d’une érosion du pouvoir d’achat qui voit un gonflement des prix couplé d’une réduction des portions notamment du pain, denrée alimentaire de base du tunisien et autres produits alimentaires, est de nature à exacerber les tensions sociales et à inciter à la délinquance ou la migration sauvage.

Cette situation nécessite de toute urgence la mise en place d’un plan de sauvetage économique avec une révision profonde et sans préjugés et œillères idéologiques du rôle et des modes d’intervention de l'Etat dans l'économie.

La réforme, sans aprioris idéologiques ni arrière-pensées électorales, de l’administration, du secteur public, de la fiscalité, de la concurrence (lutte contre les cartels et les ententes économiques…) et du système monétaire (coût de l'argent, financement des entreprises et une meilleure réglementation des méthodes de paiement notamment les chèques sans provision…), est devenue une urgence de première nécessité et une condition essentielle non plus de la stabilité mais surtout de la survie de la Tunisie en tant qu'Etat indépendant et souverain.

La léthargie de la fin de règne de feu Ben Ali et les expérimentations et tergiversations malheureuses de ce qui est communément et probablement abusivement qualifié de « révolution de la liberté et de la dignité » ne permettent plus de marge d'atermoiement et de report d'échéances.

Il urge désormais de mettre de côté les manouvres et calculs politiques pour s’atteler aux véritables pré requis de la croissance durable et inclusive de l’économie tunisienne principalement par la mise en place d’un plan de sauvetage de l’économie nationale qui déterminera l’avenir de tous les Tunisiens sans discrimination ou diabolisation ou un quelconque sentiment d’immunité conféré par une appartenance familiale, régionale ou une proximité politique.

L’heure de la réforme en vue de la relance socio-économique a sonné et les véritables défis de la croissance, de l’emploi et du pouvoir d’achat ne peuvent plus souffrir de discours aussi enflammés que pompeux et des mesures dilatoires.

Il est également grand temps de prendre conscience que les technologies et modèles de production ont un cycle de vie et de compétitivité et que rien ne sert de s’obstiner à garder artificiellement en vie des dinosaures économiques et industriels qui ne pourront survivre que grâce à des subventions et ne pourront jamais être autrement qu’un fardeau pour le trésor public et la compétitivité de l'économie nationale.

En l’absence d’une vision d'avenir et d’un programme crédible et durable de réformes économiques, les intentions et déclarations finissent par perdre leur prise sur le réel et toute crédibilité à l’intérieur et à l’extérieur.

Après plus d’une décennie d'expérimentations politiques qui ont gravement compromis l'économie et risquent d'hypothéquer la souveraineté nationale, la priorité doit être accordée de toute urgence et toutes affaires cessantes aux réformes économiques, en paraphrasant le slogan électoral du président Clinton (1992), « it’s the economy stupid ».

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