La gauche est une dégénérescence progressiste historique dont le rôle aujourd'hui dans la politique européenne est de continuer à mentir à une partie importante de l'électorat. Il y a en fait une partie de la population qui a grandi dans le cadre du schéma d'opposition droite gauche, qui erre loin des "héritiers des grands partis communistes et de la Résistance", qui veut continuer à tout prix à s'imaginer "gauche", et qui néanmoins a des intérêts de classe et une orientation idéologique correspondant au millimètre avec les instances libérales qui ont été le premier objectif controversé du socialisme historique et du communisme.
La gauche européenne fournit à ces gens un alibi très précieux depuis des années. Grâce à cette gauche , ils peuvent se déplacer main dans la main avec les héritiers de ce mouvement historique qui a massacré Allende, violé le Vietnam, promu le maccartisme, démoli sans pitié les droits sociaux et les services publics, exploité colonialement et néocolonialement la moitié du monde, vendu des services de santé aux multinationales, construit une oligarchie financière technocratique avec Davos, etc. et ils peuvent le faire en se sentant "gauche" parce qu'ils gardent des affiches jaunâtres de Gramsci ou Che Guevara accrochées dans leurs sièges fatigués.
La raison pour laquelle la seule bonne nouvelle qui peut venir des rangs de la gauche européenne serait celle de sa dissolution n'a pas à voir avec un ressentiment particulier, mais avec la réalisation objective que les partis de gauche n'ont que cette fonction historique : celle de permettre la survie d'une peinture de fausse conscience recouverte d'une substance d'adhésion complète à l'agenda du pouvoir capitaliste libéral.
Mais de quel programme s'agit-il ? Le cœur de cet agenda est très simple : il s'agit de démanteler toute forme d'identité (individuelle, historique, politique, naturelle) qui résiste à la tendance générale du capital. Et quelle est cette tendance générale ? C'est la tendance à promouvoir la liquidité absolue des relations (flexibilité, mobilité territoriale, précarité, adaptation illimitée aux besoins de la production), afin de permettre à l'unique but de l'auto-production de capital d'importer sans résistance.
Ce qui crée des problèmes avec cette tendance, ce sont toutes les structures profondes et l'appartenance : familles, communautés, État-nation, religions, idéologies classiques, visions du monde généralement structurées. Quiconque place au sommet de ses valeurs l'un de ces cas a tendance à créer une matrice de résistance au mécanisme moteur du capital, ce qui nécessite une volonté absolue de se transformer intérieurement et de se déplacer à l'extérieur de toute façon qui pourrait s'avérer fonctionnelle au mécanisme mondial de production-consommation.
Le jeu dans lequel la gauche européenne a joué un rôle exemplaire est exactement ça. En fait, si l'on voulait faire des recherches sur ce que des politiques aussi différentes ont en commun comme le soutien à la mondialisation, les politiques d'ouverture des frontières, l'introduction d'agendas de marketing dans l'éducation et la santé, le soutien à chaque initiative biopolitique qui minent les formes familiales naturelles, la marginalisation de toutes les minorités sauf celles qui ont une importance politique, la destruction des protections et des garanties pour les travailleurs indépendants, etc. , tout cela et bien plus n'ont rien en commun à part alimenter le processus de liquidation des relations. L'horizon que tend le mécanisme global est la réduction de chaque groupe social à la somme des individus, et chaque individu à la somme des objectifs variables, dicté par la propagande ou la publicité du moment : la liquidation et la liquidation du monde.
Eh bien, si vous comprenez cette dynamique fondamentale, vous pouvez comprendre pourquoi la gauche européenne est simplement le débouché cohérent (et je dirais le dernier) du processus dégénératif né en 1989 en Italie et ailleurs. Ce n'est pas de sa faute. Cette gauche suit inconsciemment ces jeunes Leaders mondiaux (comme Schwab les appelle : de Trudeau à Sanna Marin) qui, étant nés et ayant vécu entièrement dans l'atmosphère culturelle du néolibéralisme, et ayant été culturellement nourris par le journalisme progressiste, n'ont tout simplement pas accès à quoi que ce soit qui leur rappelle ce que le monde et l’humanité étaient (et en dehors de l'Occident le sont toujours).
Leur adhésion aux agendas du pouvoir constitué, financier et technocratique, est donc sincère et sans remords. Il montre le charme de leur simplicité sereine, ce qui les rend télégéniques et appétissants pour les nouvelles générations.