Si le changement est une nécessité, alors l'existence d'un scénario global qui rend possible l'orientation de l'effort général du changement est une exigence méthodologique.
Dans le contexte tunisien, ce scénario devrait prendre appui sur quelques postulats importants que j'ai précédemment tenté de mettre en avant dans un livre que j'ai publié en 2016 sous l'intitulé: "Les réformes économiques en Tunisie; une urgence en quête de leadership" (Sud-Editions). Il est possible de résumer ces postulats comme suit:
1. Le tunisien, comme tout être humain, est difficile à faire changer, surtout lorsqu’il n’est pas l’instigateur du changement projeté.
2. Le tunisien a une grande capacité à s’adapter au changement, mais il dispose de nombreux mécanismes naturels lui permettant d’y échapper si cela lui convient mieux.
3. Si l’on ne parvient pas à faire en sorte que les destinataires d’un changement, qu'il soit de nature institutionnelle ou économique, deviennent des partenaires, ils risquent de développer une gamme de réactions qui iront de l’indifférence à l’adversité.
4. Être partenaire du changement, c'est forcément être en mesure de percevoir les gains escomptés, pour l’organisation et pour les personnes touchées, comme étant supérieurs aux coûts engendrés par le changement.
Ne peut prétendre au leadership que celui ou ceux qui sont capables de proposer un scénario global tout en conservant une masse critique de supporteurs (capital politique) tout au long de l’opération de changement. De cette masse critique dépendra la crédibilité et la légitimité du ou des instigateurs du changement.