La première "révolution française" a eu lieu à la fin du XVIII ème siècle et s’est étalée sur dix années ; elle a mis fin à la royauté et à une société composée de trois ordres : le tiers état, la noblesse, le clergé ; la monarchie de droit divin cédait la place à la République ; les privilèges furent abolis. Il faut dire qu’à l’époque les rois Louis XV et Louis XVI n’eurent pas l’autorité nécessaire pour imposer aux nantis les changements nécessaires en particulier la réforme judiciaire et surtout la réforme fiscale ; il en résulta une profonde misère des paysans et des classes populaires. Alors, ce sont les députés du tiers état qui commencèrent à mener une fronde contre la noblesse et le clergé ; ils fomentèrent les émeutes de cette première révolution de 1789 qui, suite à la prise de la Bastille le 14 juillet, finit par arracher les fondements d’une monarchie constitutionnelle.
Cependant, Louis XVI qui, pour chercher à gagner du temps, avait cédé aux revendications populaires, va vouloir étouffer par la force cette rébellion. Le peuple parisien, suivi par les paysans des campagnes, se révolta alors de nouveau avec violence ; ces nouvelles émeutes populaires vont se concrétiser par l’abolition des droits féodaux et par la consécration de l’égalité civile et fiscale. Mais, ceci ne suffira pas ! Les soulèvements populaires se poursuivront en raison de la persistance des troubles économiques, de la division du clergé et l’absence de détermination du roi dans les changements qu’il avait annoncés. Louis XVI prend alors la fuite en espérant solliciter le soutien des monarchies de la vieille Europe qui d’ailleurs voyaient d’un mauvais œil se répandre les idées révolutionnaires ; le roi finira par être arrêté dans sa fuite le 21 juin 1791, emprisonné avant d’être finalement guillotiné le 21 janvier 1793. Entre temps, le 21 septembre 1792 la Convention tenait sa première séance publique, c'était la naissance de la "première République". La France sera aussi, dès lors qu’elle entre en révolution, en guerre contre les pays de la vieille Europe ; c’est d’ailleurs suite à une de ces campagnes que sera composé son célèbre hymne national "la Marseillaise".
Cette première révolution de 1789 a d’ailleurs eu un retentissement considérable puisque ses idées ont fini par avoir une portée universelle en réussissant à modifier les régimes politiques et la géopolitique de l’époque. Ne nous y détrompons pas, menée par le peuple, elle répondait aussi aux aspirations de la bourgeoisie de l’époque puisqu’elle garantissait les libertés individuelles, la sacralisation de la propriété privée, le partage du pouvoir avec le roi et l’accès à tous les emplois publics, toutes ces attributions lui étant interdites sous la royauté. La révolution a aussi eu pour conséquence de séparer le clergé de l’état.
Cependant, sous la 1ère République, une série de conflits va dès lors opposer les Girondins (à droite) à la Montagne (à gauche) ralliée au petit peuple, ceci sur fond d’une guerre civile qui opposera les Vendéens aux républicains durant 8 ans (1793-1801). L’année 1793 à 1794 sera la plus ardente et la plus populaire de la révolution mais aussi une des plus sombre ; en effet, les jacobins, qui comptaient pour être les révolutionnaires les plus extrémistes, ainsi que les sans culottes, guidés par Robespierre vont faire régner "la Terreur" et la guillotine y fonctionnera en rafale. C’est ce qu’on appellera la "réaction thermidorienne", qui finira par mettre fin au gouvernement révolutionnaire en instaurant à son tour la "terreur blanche" ; constituée de bourgeois modérés elle s’étendra du 27 juillet 1794 au 26 octobre 1795; cette réaction veut bien d’une république mais … bourgeoise.
Les thermidoriens vont réprimer les futures insurrections populaires suscitées par la très libérale politique qui s’exerçait alors ; ils vont aussi réussir à déjouer les tentatives de restauration des royalistes. Une nouvelle constitution dite de l’an III sera alors votée ; elle instaurera "le Directoire" qui durera du 26 octobre 1795 au 09 novembre 1799. Ce nouveau régime est censitaire mais son mode de scrutin établit un privilège de fortune puisque les droits politiques ne seront réservés qu’aux possédants. Mais, cette période va jouer un rôle charnière qui visera à mettre fin à la Révolution en tentant de réconcilier les royalistes à droite et les patriotes jacobins à gauche ; cependant, durant ses quatre années d'existence, le Directoire sera confronté à de nombreux complots qui amèneront le coup d’état du 18 et 19 brumaire de Napoléon Bonaparte qui y mettra fin.
Ainsi, Bonaparte instaurera "le Consulat" de 1799 à 1804 ; ce dernier sera un régime absolu comme celui de la monarchie et la France n’aura alors de République que le nom ; mais il sera accepté par le peuple qui en avait assez des désordres révolutionnaires. Bonaparte va réussir à réformer l’administration, la justice et les finances si bien qu’il jettera les bases de l’état contemporain ; il rendra à la France la paix religieuse (Traité du Concordat en 1801) et fera signer la paix générale. Cependant, Bonaparte se fera nommer consul à vie puis empereur en 1804 ; c’est donc son despotisme et son ambition de conquêtes qui finiront par le perdre ; en effet, la France sera envahie en 1814 par ses ennemis et Bonaparte vaincu se retirera à l’île d’Elbe. De retour d’exil, un frère de Louis XVI, remonte alors sur le trône de France ; le gouvernement formé par le nouveau roi Louis XVIII sera celui de la "première restauration". Cependant, Bonaparte, ne se résignant pas à son isolement, retournera en France ; il n’y règnera encore qu’une centaine de jours avant d’être à nouveau battu et fait prisonnier à Sainte-Hélène ou il y mourra en 1821.
La mort de Napoléon Bonaparte, permettra le retour de Louis XVIII pour une "seconde restauration" qui durera de 1815 à 1830. S’ensuit alors une politique réactionnaire des ultraroyalistes qui, grâce à la mise en place de lois électoralistes en leur faveur, vont revenir en force dans les Chambres; ils vont se venger en installant à nouveau la "terreur blanche" qui entraîne massacres, épurations et suspension de libertés. Les ultras vont être renforcés par l’accession de Charles X au trône suite à la mort du roi Louis XVIII; dès lors l’emprise du clergé revient en force. Cependant, à partir de 1826, une opposition formée par des libéraux, des indépendants, des bonapartistes et d’anciens républicains renforcée par une bourgeoisie anticléricale et par des royalistes dissidents comme Chateaubriand va se constituer ; tous ces dissidents sont républicains et font alors campagne pour remplacer la dynastie des Bourbons, dont est issu Charles X, par celle d’Orléans dont est issu le duc d’Orléans. Comme l’opposition finit par devenir majoritaire à la Chambre, Charles X va éditer des ordonnances pour rétablir la censure, la suspension de la liberté de la presse, la dissolution de la Chambre, la modification de la quotité d’imposition nécessaire pour être un électeur ou éligible ; de cette manière, le droit de vote sera retiré à une grande partie de la bourgeoisie ce qui réduira la base sociale sur laquelle le roi pouvait s’appuyer ; ces mesures injustes et répressives vont alors provoquer les journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830 dites des "trois Glorieuses".
Les protestations seront alors initiées par les journalistes qui sont les premiers touchés par la répression, des barricades vont s’élever pour contrer les troupes envoyées par le roi et Paris finira par tomber à nouveau aux mains des révolutionnaires. C’est le duc d’Orléans qui apparaîtra alors, à la bourgeoisie d’affaires libérale, comme le seul homme capable d’éviter l’installation d’une république et sa candidature sera favorisée; ainsi s’installera ce qu’on appellera la "monarchie de juillet" dont le souverain sera Louis Philippe 1er.
Il faudra attendre 18 ans pour que Louis Philippe 1er finisse par être renversé à son tour par la "révolution de février 1848". Cette révolution s’insérait dans un mouvement insurrectionnel européen d’inspiration libérale ou démocratique désigné à l’époque par "printemps des peuples" ou "aurore de l’humanité". En effet entre février et mars 1848, l’Italie, l’Autriche et les états allemands connaissaient aussi des émeutes populaires, semblables à celle que connaissait la France, et dont l’encadrement était plutôt bourgeois et universitaire. Le synchronisme de ces soulèvements était en fait à placer dans le cadre d’une crise économique généralisée à toute l’Europe et qui frappait durement toutes les couches de la société ; le mécontentement se retournait naturellement contre les autocraties et les tutelles étrangères rendues respectivement responsables des injustices et de la domination économique de type colonial.
Ces mouvements libéraux et unitaires constituaient en fait l’expression de la bourgeoisie d’affaires qui n’était pas hostile à la république mais qui était soutenue par l’élite ouvrière acquise aux idées socialistes. Comme les réunions étaient interdites, c’est des rassemblements organisés sous le nom de "campagne des banquets" qui serviront à propager ces idées sociales de "fin de la corruption" et d’"amélioration des classes laborieuses" qui seront les idées maîtresses de la révolution de février 1848. Ainsi, cinquante six ans après la première république, cette nouvelle révolution instaurera, le 25 février 1848, la seconde République ; son nouveau gouvernement provisoire sera composé surtout de républicains modérés et de socialistes et adoptera des mesures progressistes et sociales ; il créera des ateliers nationaux pour occuper les ouvriers au chômage, instituera la commission du Luxembourg pour traiter des questions sociales, démocratisera la garde nationale, supprimera la peine de mort en matière politique ainsi que l’esclavage dans les colonies françaises, rétablira la liberté de réunion et la liberté de presse et instaurera le suffrage universel pour les hommes de plus de 21 ans ; cette dernière mesure sera l’innovation majeure de cette seconde république. Mais, quelques mois plus tard, suite à la fermeture des ateliers nationaux, le peuple parisien se révoltera à nouveau ; les pertes humaines et la répression seront terribles puisque par milliers les citoyens seront fusillés, déportés en Algérie ou faits prisonniers. Louis napoléon Bonaparte, qui jouissait alors de la notoriété de son oncle, sera élu président au suffrage universel en décembre 1848 ; cependant, aux élections législatives de mai 1849, les conservateurs finiront par revenir en force; ils en profiteront pour modifier les lois qui deviendront plus restrictives ; en particulier celle du droit de vote et ceci dans le but d’éliminer la "Montagne" qui correspondait à la gauche de l’époque.
Cette majorité conservatrice empêchera aussi Louis Napoléon Bonaparte de modifier la constitution pour briguer un second mandat; celui-ci sollicitera alors l’aide de l’armée et prolongera son pouvoir suite à un coup d’état en décembre 1851. Les opposants monarchistes et républicains seront alors arrêtés ; une nouvelle constitution sera imposée et la deuxième république ne sera plus puisque Louis Napoléon Bonaparte se fera proclamer empereur sous le nom de Napoléon III; ce changement de régime marquera la transition vers le second Empire qui s’étendra de 1852 à 1870. Jusqu’en 1860, l’Empire sera autoritaire puisque tous les pouvoirs seront concentrés par Napoléon III ; les libertés seront restreintes et le mode de scrutin modifié de façon à en réduire les effets démocratiques. Ce régime monarchique sera personnalisé par un conseil d’état dont les membres sont nommés et révocables et par un Sénat inamovible. Puis l’Empire deviendra libéral et privilégiera la vie économique qui fera son entrée dans le capitalisme. Ainsi, les banques de dépôt et le crédit foncier de France feront leur apparition, le trafic ferroviaire et maritime et la sidérurgie se développeront; de grands travaux d’embellissement et de modernisation des villes seront lancés.
La révolution de 1848 et la deuxième république auront un effet sur la mentalité républicaine en faisant naître le socialisme en tant qu’idéal, en accroissant l’anticléricalisme et en permettant l’émergence politique des femmes. Cette période sans monarque permettra aussi de faire réaliser à certains conservateurs que le concept de république ne remet en cause ni leurs principes ni leur biens. Cette époque sera donc marquée par la naissance de la gauche et de la droite contemporaines. En revanche, la dérive autoritaire de Louis Napoléon Bonaparte, pourtant élu au suffrage universel, fera peur au peuple qui, pendant plus de 100 ans, ne réitérera pas ce mode de scrutin.
C’est la guerre contre la Prusse, avec la perte de l’Alsace et de la Moselle et la capture du Napoléon III qui sonnera le glas du second Empire français et provoquera la naissance de la troisième république le 4 septembre 1870. Le gouvernement provisoire de la troisième république écrasera la révolte du petit peuple dite "commune de Paris”, de mars à mai 1871 et signera la paix; les craintes qu’inspiraient alors la république finiront par s’évanouir et le régime républicain deviendra définitif en France (à suivre).