On croyait, naïfs que nous sommes, qu’une culture nouvelle, radieuse, audacieuse, intelligente, consistante, émancipatrice allait voir le jour après la chute de la dictature voyou et mafieuse estampillée « novembriste ».
On se disait que tous les agents et collaborateurs de cette abjection intellectuelle que fut Ben Ali, tous les thuriféraires de ce système analphabète, vulgaire, grossier, goujat et délinquant allaient être poursuivis par quelque juge implacable et sourcilleux, convaincu que les délits intellectuels commis par cette engeance de malfrat étaient du même acabit que les délits économiques et financiers commis par ce régime kleptocrate !
Or, comble de l’indignité, toutes ces monstruosités héritées de l’ancien régime, après une brève éclipse, se rebiffèrent et reprirent du poil de la bête, aidées en cela par une sorte d’indulgence ou d’apathie coupable de tous ceux qui se succédèrent au pouvoir après le 14 Janvier 2011.
La cure de désintoxication fut aussi brève qu’une éclaircie automnale, et la machine à décerveler ne tarda pas à s’emballer jusqu’à tourner à plein régime.
On renoua rapidement avec le kitch, l’insignifiant, le folklorique, le vulgaire, le pervers, le rire gras et imbécile, le divertissement débile, l’abrutissement vil et mesquin, le sous-entendu obscène et malsain…Ceux qui avaient ravagé la culture en Tunisie, qui l’avait réduite à une caricature ignoble et farcesque, continuaient leurs sales besognes avec un surcroit de cynisme, de ce cynisme écœurant dont sont capables les médiocres et les larbins !
Quand les incultes sont aux commandes, tous les désastres sont envisageables !
Dans une Tunisie plutôt déprimée, la plupart des médias nous orientent à la surface des choses, là où la foire aux vanités bat son plein : un poison en guise de remède. Bien peu soucieux de leurs intérêts les médias qui n’iraient pas dans le sens de ce que demande le peuple : du sensationnel, des jeux, des distractions, toujours tirant vers le bas et c’est bien là que le bât blesse.
Qui doit-on blâmer ??? Ceux qui profitent de l’imbécillité commune et la consolident sournoisement par une programmation agissant davantage sur l’instinct que sur l’intellect, ou bien ces esprits anesthésiées, ces consciences endormies soumises au diktat d’une sous-culture maligne, périlleuse et probablement nocive au point d’étouffer toute forme d’intelligence, tout libre-arbitre, tout sens critique !
A qui profite, globalement, l’art de distraire et de désinformer ? C’est à chaque consommateur de se poser la question et de prendre conscience de la valeur du temps qu’on lui fait perdre à des futilités.
Dans notre démocratie bancale et paraplégique, une mauvaise fée(les médias) vient mettre un soporifique dans nos verres. Il est grand temps de chasser cette sorcière, de reprendre concrètement des responsabilités citoyennes. Il faut cesser d’admirer ceux qui gagnent beaucoup plus que nous ; il est temps de leur demander des comptes.
Quand animateurs, journaleux et chroniqueurs-croque-mort jouent aux intellectuels et aux savants et s’imaginent, malgré leur indigence, qu’ils jouent dans la cour des grands, ça donne des messages surréalistes…S’ils pensent avoir les clés des champs, ça frise le délire.
Nous attendons la mort de la bêtise et la résurrection de la bonne volonté ,celle qui osera déboulonner cette armada de bouffons veules, insipides, volontairement, consciemment irrévérencieux envers une révolution qui a chassé du pouvoir leurs bienfaiteurs !
Leur esprit vindicatif s’exprime avec cette dérision infantile, irresponsable, propre aux enfants gâtés à qui on autorise tous les excès dès lors que les vices sont équitablement partagés et que leur tâche consiste à pervertir la vertu, à la neutraliser !
Sous nos cieux moroses, traumatisés par une jachère intellectuelle éprouvante pour les nerfs, l’esprit vogue au gré de la misère culturelle ambiante, vécue comme une fatalité, distillée par une médiocrité désœuvrée, oisive, farouchement commère et atrocement maligne.
Une espèce de chape de plomb qui frustre les audacieux et les oblige à ravaler leur ressentiment de crainte d’être accusés d’élitisme snobinard et morveux à défaut de sombrer comme les autres dans un populisme braillard et insolent, décapant dans sa futilité, dans sa puérilité héritée des années de vaches maigres.
Ce suicide de l’intelligence, de la créativité, du goût artistique, de l’innovation a été planifié par une engeance inculte et illettrée qui a sacrifié sur l’autel de son ignorance trois générations de tunisiens.
Ce délit comme tant d’autres est resté impuni, or, parmi tous les délits commis par le benalisme, celui-ci ne peut être pardonné…il est impardonnable !